Article publié dans L'Humanité, le mardi 19 octobre 2010
Lycée bloqué à Grand-Couronne
Les profs du lycée professionnel Fernand-Léger se sont lancés dans la bataille, aux côtés de leurs élèves.
«Nous venons de reconduire la grève». En ce lundi matin, les enseignants du lycée professionnel Fernand-Léger de Grand-Couronne poursuivent donc la grève lancée vendredi dernier. « Ce n’est pas respecter les élèves que de demander aux enseignants d’aller au moins jusqu’à 67 ans». Les élèves d’ailleurs adhèrent à cet argument. Près d’une centaine entouraient les enseignants vendredi, moins pour sécher les cours, comme peut l’affirmer le gouvernement, que pour réellement échanger et débattre.
Car, dans ce lycée industriel, spécialisé dans le bâtiment et les travaux publics, les jeunes savent qu’ils partent pour une carrière longue, souvent mal payée et surtout d’une pénibilité notoire. « Le combat des profs, c’est aussi le mien », affirme une élève. Des profs qui, eux aussi, ne se battent pas que pour leur profession. Pour preuve, cette enseignante qui s’est mise en grève « pour [son] frère, ouvrier âgé de cinquante-six ans » qu’elle ne veut pas voir travailler plus longtemps.
Le lycée est donc fermé et bloqué jusqu’à nouvel ordre. « Mais ce n’est pas de notre responsabilité, précisent les grévistes. Le proviseur dit qu’on empêche les entrées, mais c’est faux. On peut toujours y pénétrer à pied. » Du coup, 450 élèves se seraient retrouvés dehors dès vendredi matin, sans même, au dire des enseignants, que les parents soient prévenus. Enfin, le chef d’établissement refuserait d’ouvrir l’internat à des élèves, normalement internes, qui effectuent leur stage professionnel aux abords de l’établissement. « C’est le proviseur qui empêche les entrées, pas nous », résume un enseignant.
Le chef d’établissement, injoignable hier, a reçu le soutien du rectorat, par la voix du directeur de cabinet du recteur, et accessoirement cadre de l’UMP en Seine-Maritime.