Papier paru dans L'Humanité du samedi 24 avril
Succès de la grève chez Allibert
Le mouvement a été suivi à 80%. des hausses de salaires ont été obtenues
Chez Linpac Allibert, installé à Gaillon (Eure), et qui appartient à un groupe anglais qui vient d’être racheté par un consortium de banques qui a à sa tête la Deutsch Bank, la direction a une drôle de conception de l’égalité entre les salariés. Arguant que les résultats étaient tendus, sans même vouloir les communiquer aux syndicats qui attendent toujours les chiffres de 2008, et que le client se fait rare, le spécialiste de la fabrication plastique refusait aux salariés du site une augmentation des salaires de 3% qu’ils réclamaient au titre qu’ils n’avaient connu aucune augmentation l’an dernier.
Tout au plus, la direction proposait-elle, à l’occasion des nombreuses négociations avec les syndicats du site, de prendre davantage en charge la mutuelle de l’entreprise et une augmentation des salaires de 1%, ce qui pour l’intersyndicale (CGT-CFDT. La CGC ne s’est pas associée au mouvement-NDLR) représentait « 15 euros d’augmentation pour les salariés qui touchent moins de 1500 euros mensuels et 10 euros qui touchent au-delà », pestait alors Bruno Duchère de la CFDT, mercredi après-midi. Pourtant, dans le même temps, poursuivait le syndicaliste, « neuf des soixante douze cadres de l’entreprise vont recevoir, en sus de leur prime de résultat d’objectif qui est prévu dans leur contrat, une prime supplémentaire de 163,88 euros en moyenne ». Pour le syndicaliste, cette différence de traitement était tout simplement « indécente ».
80% des 234 salariés étaient donc en grève depuis mardi matin et espéraient être reçus une dernière fois par la direction pour qu’elle infléchisse sa position. De son côté, le conseiller régional communiste haut-normand Jean-Luc Lecomte avait immédiatement apporté son soutien aux grévistes. Jeudi après-midi, lors d’une ultime négociation, la direction a finalement accepté de revoir sa copie à la hausse en octroyant finalement 35 euros pour les salaires supérieurs à 1500 euros et 40 euros pour ceux ne franchissant pas ce salaire. En sus, la direction a octroyé une journée supplémentaire de congé payé aux plus de 55 ans travaillant à la journée, accordée jusqu’alors seulement aux salariés postés (en 2X8 et 3X8). Enfin la direction renforcera la réflexion sur les conditions de travail au sein de l’entreprise et paiera 50% des jours de grève.
Pour l’intersyndicale, par la voix du cégétiste Florent Dégenetais, il s’agit d’un accord « globalement satisfaisant », au vu de la situation financière de l’entreprise. Le syndicaliste se félicite de la bonne mobilisation qui a selon lui lourdement pesé sur le revirement de la direction.
Frédéric Seaux