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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 18:00
Article de Alexandra Chaignon, paru dans L'Humanité, le 8 novembre 2010
Seniors, génération sacrifiée

 

Campagne de communication et plans gouvernementaux se succèdent pour enrayer la tendance française à écarter les salariés de l’emploi à partir de cinquante ans. En vain. Les plans de suppressions d’emplois continuent de toucher en priorité cette classe d’âge. Le chômage des seniors explose.

 

«Le report de l’âge légal de départ à la retraite permettra d’augmenter le taux d’activité des seniors. » Le ministre du Travail, Éric Woerth, n’a cessé de marteler cet argument durant le débat sur la réforme des retraites. Parlons-en, justement, de l’emploi des seniors… ou plutôt du chômage des seniors. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. En un an, le chômage des quinquas a progressé de 16,3 %, atteignant 6,6 % au premier trimestre 2010. Et début 2008, il n’était que de 4,9 %. Un chiffre d’autant plus préoccupant que les seniors sont plus exposés au chômage de longue durée.

Pourquoi les travailleurs de cette classe d’âge deviennent-ils inemployables ? Usure due aux conditions de travail, formations inadaptées ? Le fond du problème est autrement plus terre à terre : dans notre société, le chômage des « vieux » est simplement plus acceptable. « Cela tient à l’existence à ces âges (plus de cinquante-cinq ans) de conditions d’indemnisation du chômage qui permettent d’attendre l’âge de la retraite du taux plein en situation d’inactivité », expose Jean-Olivier Hairault, professeur d’économie à l’université Paris-I. Les chiffres concordent avec ce raisonnement : cinquante-huit ans, c’est l’âge médian de sortie d’activité en France. Et 40 % des personnes qui font valoir leur droit à la retraite ne sont déjà plus en activité.

« L’âge est devenu un critère légal pour dispenser les seniors d’emploi, analyse la sociologue Anne-Marie Guillemard, spécialiste de l’emploi des seniors. Les politiques RH des entreprises se sont calquées sur des dispositifs politiques de segmentation par l’âge, appliquant le système des préretraites comme la panacée. Le résultat a été un jugement négatif, qui a accru la vulnérabilité des plus âgés face à l’emploi. De plus, les seniors sont considérés comme non reclassables, et les entreprises hésitent à les former, à les promouvoir, bien souvent dès quarante-cinq ans. Leur seule issue est alors la marche vers la sortie, laquelle commence de plus en plus tôt. Dès quarante-cinq ans, vous êtes un demi-vieux car les signaux négatifs se font déjà sentir. »

Et les choses ne vont pas en s’améliorant. Avec la suppression des préretraites (loi Fillon) et l’abaissement à quarante-cinq ans de l’âge de protection dans l’emploi, liée à l’amendement Delalande, les entreprises contournent la loi, par des licenciements pour faute professionnelle grave, par des congés de maladie longue durée ou encore par des ruptures conventionnelles. Ce mode de séparation « à l’amiable » entre salarié et employeur a d’ailleurs connu une montée en charge spectaculaire en deux ans, avec 400 000 ruptures conclues. Une procédure largement utilisée par les entreprises pour alléger leurs effectifs de seniors, dans un cas sur cinq, reconnaît le gouvernement.

IBM illustre cette dérive : douze ruptures conventionnelles y ont été invalidées par l’administration fin 2009 au motif que ce dispositif ne peut contourner un plan social. La CFDT avait reproché au groupe informatique de cibler les salariés « aux environs de la soixantaine, qui bénéficieront du chômage jusqu’à l’âge de la retraite ». Chez Lejaby (lingerie), dans le Rhône, six des dix ruptures conventionnelles en 2009 ont ainsi touché des personnes de plus de cinquante ans, dont des « ouvrières à bout de souffle », indique Nicole Mendez, déléguée CFDT. « On voit d’entrée de jeu que le gouvernement tient un double discours », renchérit Maurad Rabhi, secrétaire confédéral de la CGT en charge de l’emploi et du chômage : « On nous dit, d’un côté, qu’il y a un problème autour de l’emploi des seniors mais, dans le même temps, on crée toutes les conditions pour sortir les plus de cinquante ans de l’emploi. »

Plan senior, CDD senior… Depuis cinq ans, le gouvernement multiplie les annonces, mais sans amélioration notable. Et rien ne dit que le dernier dispositif du gouvernement, qui, depuis le 1er janvier 2010, exige des entreprises de plus de 50 salariés qu’elles soient couvertes par un accord ou un plan d’action « en faveur de l’emploi des salariés âgés » ait les résultats escomptés. Si des pénalités financières existent pour les entreprises sans accord, rien n’est prévu ensuite pour sanctionner l’éventuelle absence de mise en œuvre des mesures. Ce sera aux syndicats de saisir les tribunaux pour les faire appliquer. Numéro 2 de la CFDT, Marcel Grignard se dit « sceptique », craignant que les textes négociés « ne soient pas déclinés sur le terrain ». « Les entreprises font des accords de forme parce que la loi les y oblige et qu’ils leur évitent de payer une taxe. Mais rien n’est réglé sur le fond », dénonce Maurad Rabhi. Le cas de Lejaby, où un plan senior a été mis en place, est à ce titre exemplaire : « Ça a été une petite avancée, car les salariés de cinquante-neuf ans et plus ont vu leur temps de travail réduit de trente-cinq à trente heures. Mais ce qui a été gagné d’un côté a été repris de l’autre, avec le plan social. De plus, l’accord n’a été élaboré que pour une catégorie de salariés, les ouvriers. C’est clair : il a été conçu pour vider les ateliers de production », rapporte Nicole Mendez.

« Le grand progrès, selon Dominique Dilly, chargé de mission à l’Aract (Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail) du Nord-Pas-de-Calais, c’est que la question de l’emploi des seniors est posée dans toutes les entreprises de plus de cinquante salariés. » Mais le risque est grand que les entreprises « misent sur des actions peu coûteuses et à faible enjeu. Pour que l’entreprise s’engage, il faut que ça interpelle la performance, l’enjeu social est secondaire », analyse-t-il, lucide. Comme le souligne Anne-Marie Guillemard, spécialiste de l’emploi des seniors, la réforme actuelle des retraites risque de déboucher sur « l’extension d’une période de précarité en fin de vie active », au lieu d’aboutir à un allongement de la durée de la vie au travail.

 

Repères

Le taux d’emploi des seniors est resté quasi stable ces dernières années. Il est passé de 37 % en 2003 à 38,9 % en 2009.

Dans le Nord-Pas-de-Calais, le chômage des plus de cinquante ans a augmenté de 15 % en un an.

En Aquitaine, fin 2007, 25 500 seniors recherchaient un emploi après un licenciement. En moyenne, ils restaient inscrits vingt mois à l’ANPE.

En Franche-Comté, 36,2 % des personnes âgées de cinquante-cinq à soixante-quatre ans ont un emploi. Et un licenciement sur deux touche un senior.

En Côte-d’Or, le chômage des seniors a augmenté de 22,5 % en quinze mois (de janvier 2009 à mars 2010).

Alexandra Chaignon

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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 17:55
Article de Marie Barbier, paru dans L'Humanité, le 8 novembre 2010
Retour sur une vraie-fausse descente de police camp de roms

 

Fin octobre, des hommes cagoulés 
et portant des vestes « Police » ont fait irruption en pleine nuit dans un camp de Roms à Triel (Yvelines), terrorisant leurs habitants. Dix jours plus tard, l’enquête piétine, tandis que les soutiens dénoncent les conséquences du discours sarkozyste.

 

Au milieu de la plaine désertique de Triel-Chanteloup, une trentaine de familles roms se sont installées il y a trois ans. Ils sont une centaine, dont la moitié d’enfants, à vivre ici dans des conditions extrêmement précaires : sans eau ni électricité, dans des caravanes vétustes chauffées au poêle à bois (lire notre édition du 18 août).

Isolés, les habitants pensaient enfin avoir trouvé un refuge. Jusqu’à cette nuit du 28 au 29 octobre. « Vers deux heures et demie du matin, quatre individus cagoulés ont frappé aux portes des caravanes en criant “Police !” », témoigne Vasile, l’un des habitants. Les hommes portent rangers, gants et vestes avec l’inscription « Police ». Armés de fusils, ils tirent plusieurs fois en l’air et braquent à bout portant un vieil homme, agenouillé dans la boue, et une femme, qui porte son enfant dans les bras. Ils s’emparent de papiers d’identité, cartes bancaires, chéquiers, clefs de voiture et du peu d’argent que possèdent les Roms.

Dix jours après les faits, les habitants restent extrêmement choqués par la violence de cette incursion. Olympia, vingt-six ans, habite seule avec sa petite fille de quatre ans. Elle vit de la manche (4 euros dans les bons jours) et des poubelles. Dans sa caravane, dont l’intérieur impeccable est recouvert de tissus fleuri elle raconte ce qu’elle a vécu cette nuit-là : « Un homme est entré, il avait une cagoule noire, je ne voyais que ses yeux. Il m’a dit ‘‘Déshabille-toi, sinon je te tue’’ en braquant son arme sur ma poitrine. Il m’a fait mettre en culotte et m’a dit de me retourner. Il est resté une minute, puis il est parti. Depuis, ma fille sursaute dès que quelqu’un entre dans la caravane. »

Les quatre hommes restent une demi-heure avant de repartir à bord d’une voiture équipée d’un gyrophare. Les habitants soupçonnent immédiatement une imposture et appellent à plusieurs reprises la police, qui tarde à réagir. « Ils ont mis deux heures et quart à arriver sur place, se souvient Anne Laforgue, membre du collectif de soutien, arrivée dès 4 h 15 dans le camp. Visiblement, le poste de permanence ne comprenait pas où nous étions… » Le lendemain matin, dix-sept habitants se rendent au commissariat de Poissy, où une enquête préliminaire est ouverte. Dix jours plus tard, l’investigation piétine. Une source proche de l’enquête confie : « Dans cette affaire, tout est trouble et très étrange. »

L’enquête préliminaire se concentre pour l’instant sur la piste de vrais policiers. Des brebis galeuses qui se seraient livrées à une opération commando hors service ? « C’est possible, reconnaît un policier. L’hypothèse n’est pas écartée. » Toutes les voitures utilisées cette nuit-là par les forces de l’ordre des Yvelines sont examinées et comparées avec les données recueillies par la police technique et scientifique.

Autres suspects sur la liste des enquêteurs : les gens du voyage installés en bordure de la plaine. « C’est facile d’accuser les gitans…, ironise Michel Mallet, du collectif de soutien. C’est impossible, ils sont totalement solidaires des Roms. » Chez les Manouches en question, le soupçon fait évidemment bondir. « Je ne vois vraiment pas pourquoi on ferait ça, c’est complètement idiot ! se défend Christophe Cusol, installé sur un terrain de gens du voyage à quelques centaines de mètres. Au contraire on les protège, on essaye de les aider. Qu’ils aillent plutôt chercher du côté des groupes fascistes. »

La piste de l’extrême droite semble effectivement la plus probable. Le Bloc identitaire aurait des fidèles dans le coin. Il y a un an, le groupuscule organisait même une campagne contre « l’invasion des Gitans de Triel ». Mais pour les enquêteurs, cette hypothèse est aussi la plus difficile à démontrer, dans une enquête préliminaire où seule la charge de la preuve peut être retenue.

Pour les membres du collectif de soutien, une chose est sûre : la politique anti-roms, menée cet été par le gouvernement, a exacerbé les haines et encouragé ce type de passage à l’acte. « Cette agression est la résultante du discours xénophobe de Sarkozy qui a désigné les Roms comme la cause de toutes les souffrances de notre pays », dénonce Michel Mallet. Et le militant de proposer une autre hypothèse : celle de bandits trompés par les amalgames et clichés déversés cet été par le ministre de l’Intérieur sur les « grosses cylindrées » traînant des caravanes. Faute d’argent caché, ces cambrioleurs n’auront trouvé que l’extrême misère.

Autres suspects auxquels certains pensent ici : les chasseurs. Le massif de l’Hautil fait de la région un territoire de chasse et la plaine elle-même regorge de lièvres. Or, plusieurs fois, les chasseurs se sont plaints de la présence des Roms. « Oui, il y a eu des heurts, reconnaît-on à la mairie de Triel. Mais nous avons calmé le jeu. On imagine mal les chasseurs, qui frôlent la soixantaine, enfiler des cagoules et se déguiser en policiers ! »

En attendant de savoir qui étaient leurs agresseurs, les Roms de Triel-Chanteloup s’organisent. Chaque nuit, les hommes montent la garde et les caravanes ont été regroupées en cercle. « Ils sont traumatisés, ils s’en souviendront toute leur vie », souffle Michel Mallet. Le comité de soutien tente de mettre en place une cellule psychologique. Le parquet devrait décider prochainement de l’ouverture ou non d’une information préliminaire. Auquel cas, les habitants du camp pourraient se constituer partie civile. Pour l’instant, l’infraction n’étant pas encore établie, seule une plainte contre X a pu être déposée.

Marie Barbier

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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 09:26

 

Article de Lina Sankari, paru dans L'Humanité, le 25 octobre 2010

 

 

Le Pen banalisé au Centre de formation des journalistes

 

Le dirigeant d’extrême droite est invité, jeudi 28 octobre, à répondre aux questions des étudiants de l’école de la rue du Louvre.

 

L’argument de la mise au ban ne tient plus. Les dirigeants du Front national en sont pleinement conscients. S’ils ont longtemps joué du prétendu « cordon sanitaire » qui s’exerçait à leur encontre, aujourd’hui les cadres de cette partie de l’extrême droite savent qu’ils sont à un tournant. Déjà, cet été, réagissant au discours de Grenoble, Steeve Briois, candidat frontiste à la mairie de Hénin-Beaumont, et artisan de l’implantation de Marine Le Pen dans le Nord, se félicitait : « Pendant des années, notre mouvement a été mis au ban parce qu’il avait osé braver des interdits sur l’immigration. Maintenant, on vient nous dire à demi-mot que nos arguments étaient valables. S’ils reprennent officiellement les mêmes opinions que nous, il n’y a plus de raison de nous écarter. »

Plus aucune raison ? C’est également ce que semble penser le Centre de formation des journalistes (CFJ) qui forme « l’élite » de la presse. Jeudi prochain, l’école recevra Jean-Marie Le Pen, amené à faire une intervention devant les étudiants. À leur tour, ces derniers pourront lui poser des questions. « La direction de l’école est attachée à convier des personnalités les plus diverses dans les domaines de la politique, l’économie, les médias, la culture et le sport », précise le CFJ dans un communiqué. L’école de la rue du Louvre qui se targue souvent d’être une école d’excellence confirme qu’elle forme une armée de journalistes utiles à la bonne marche de la propagande libérale. C’était déjà la thèse de François Ruffin il y a quelques années (1), qui déplorait l’uniformisation médiatique. Dès lors, à partir du postulat selon lequel le journaliste loupe le coche s’il ne relaye pas la même information que ses petits camarades, pourquoi ne pas accorder une place de choix à Jean-Marie Le Pen (ou à sa fille Marine, qui «  passe bien et mieux » que son père) quand tous les confrères le font ?

Après la présidentielle de 2002, et une fois l’ignoble passé, le traitement médiatique réservé à Jean-Marie Le Pen et à son héritière s’est de plus en plus rapproché de celui consacré aux autres formations politiques. À l’instar d’une Arlette Chabot qui, en pleine émission en 2007, s’extasiait devant des photos du vieux leader : « Là, vous avez un petit air de Jean Gabin », l’heure est à la normalisation.

Et en cela, le CFJ rejoint la ligne choisie par le pouvoir depuis 2007 et renforcée depuis le discours de Grenoble. En atteste une direction de l’UMP qui examinera prochainement, lors d’un bureau politique, la proposition du député Christian Vanneste de voir émerger une « droite large » regroupant le centre, l’UMP et... le Front national.

 

(1) Les Petits Soldats du journalisme, 
de François Ruffin, éditions les Arènes, 2003

Lina Sankari

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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 10:15
Article de Loan Nguyen paru dans L'Humanité, le mardi 2 novembre 2010
Quand la police se badge CGT

 

Initialement qualifiée de «mythomanie», l’affaire des policiers déguisés 
en syndicalistes fait maintenant l’objet d’une enquête interne de la police.

 

«Je ne comprends même pas que ça ait autant d’écho médiatique », s’étonne Émilie, témoin de l’usurpation d’autocollants syndicaux par des agents de police lors de la manifestation du 19 octobre à Lyon. Si elle affirme que c’est « toujours quelque chose [qu’elle a] vu dans des manifs », le stratagème est pour une fois clairement révélé par une vidéo tournée par un de ses amis et mise en ligne sur le site Rebellyon.info. Le préfet du Rhône, Jacques Gérault, admet aujourd’hui que les hommes filmés étaient bien des policiers en civil et a demandé l’ouverture d’une enquête interne «pour savoir si c’était conforme à la déontologie ou pas».

La preuve par vidéo

La semaine précédente, le directeur de la sécurité publique du Rhône, Albert Doutre, avait pourtant nié les accusations des manifestants, qu’il qualifiait de « mythomanie ». C’est qu’entre-temps la vidéo incriminant les policiers a fait le tour du Web, allant jusqu’à interpeller le secrétaire général de la CGT. Mardi 19 octobre, alors que le cortège lyonnais de la manifestation contre la réforme des retraites arrive à sa destination, place Bellecour, Émilie est témoin d’un curieux spectacle : « Un groupe de lycéens tout affolés, certains en pleurs, m’a dit que des mecs de la BAC avec des autocollants CGT avaient emmené leur pote – comme par hasard, le seul Noir – dans un hall d’immeuble vers la librairie Privat », se rappelle-t-elle. Elle poursuit : « Plein de gens stagnaient devant l’immeuble et disaient avoir des potes retenus dans le hall. Tout le monde avait peur parce qu’ils ne savaient pas ce qu’il arrivait aux gens à l’intérieur. » Elle voit effectivement des hommes avec des autocollants CGT monter la garde devant la porte, qui, d’après elle, « faisaient mine de prendre le soleil, l’air de rien ». Son ami Rodolphe sort sa caméra : « J’essayais tant bien que mal de filmer le tonfa dissimulé dans le dos d’un des flics », explique-t-il.

Nuire à l’image de la CGT

Désarmée, la jeune femme sollicite l’aide de sapeurs-pompiers venus manifester. Claude Michel est l’un d’eux. Avec quelques collègues, il décide d’aller voir ce qui se passe dans le hall d’immeuble. « Ils nous ont dit de passer notre chemin, raconte-t-il. On a tout de suite compris à qui on avait affaire. » Choqués, les pompiers demandent aux individus de retirer leurs autocollants, qui répliquent en sortant leurs brassards de policiers. « Mettre des autocollants CGT pour interpeller des gens, c’est nuire à l’image de la CGT et des syndicats en général », s’indigne le sapeur-pompier.

 

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29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 22:07

Article paru dans Le Journal d'Elbeuf, le vendredi 29 octobre 2010 

  

  

Le rôle prépondérant des FTP dans la Résistance

 

Conférence. Mercredi soir, l’historienne Monique Georges était à Elbeuf, à la maison des communistes, à l’invitation du PCF, pour évoquer, devant une salle comble, le rôle des FTP dans la résistance française durant la Seconde Guerre mondiale.

 

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Mercredi soir, Monique Georges, professeur d’histoire retraitée et auteure en 2009 du Livre Le colonel Fabien était mon père (éditions Mille et une nuits) a tenu en haleine son auditoire pendant près de deux heures à l’occasion d’une conférence portant sur la résistance communiste durant la seconde guerre mondiale incarnée par les Francs Tireurs et Partisans (FTP).

Plusieurs moments ont rythmé la conférence. Tout d’abord Monique Georges a détaillé avec une précision d’orfèvre l’origine de la mise en place de la lutte armée, rejetant l’idée selon laquelle les communistes ne seraient entrés en résistance qu’à partir de l’invasion allemande en URSS. Elle a ainsi cité une multitude d’exemples, d’actes de sabotage, souvent au péril de leur vie, commis par les membres du Front National de la Résistance (« aujourd’hui dévoyé par l’extrême-droite » a tenu à préciser l’historienne) et de sa branche armée, les FTP. Des actes de sabotage tous rejetés par de Gaulle et ses partisans, désireux d’attendre le débarquement pour agir. L’historienne a aussi démystifié l’appel du 18 juin 1940, en rappelant que « cet appel à résister n’était pas destiné au peuple français mais uniquement aux militaires et aux hauts techniciens de l’armement ».

 

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Ensuite Monique Georges a fait la distinction entre les Forces française de l’intérieur (FFI) d’un côté, et de l’autre, les Forces françaises libres, exilées à Londres : « Une lutte des classes au sein de la résistance » a ironisé l’historienne « puisque les FTP étaient composés de personnes du peuple, pour la plupart militants politiques de gauche, jeunes et laïques, se battant pour un monde libre. Alors que les Français libres gaullistes, étaient surtout issus d’une droite classique, catholique et patriotique voire nationaliste. 35 % étaient des militaires de carrière qui se reconnaissaient dans les propos et l’attitude de de Gaulle».

Du coup poursuit Monique Georges, les FTP n’ont jamais été aidés ni par les Alliés ni par de Gaulle, pour mener la lutte armée en France, même si la résistance fut unifiée par l’intermédiaire du Conseil National de la Résistance (CNR) dans lequel les communistes seront nombreux mais minoritaires.

En guise de conclusion, Monique Georges apporta des éléments d’explication à « l’oubli » dont serait victime depuis toujours la résistance communiste, jusque dans les manuels scolaires. « Les FTP, individus modestes, ont laissé peu de témoignages. De Gaulle obsédé par une révolution communiste a préféré redonner le pouvoir à sa famille, la classe dirigeante et bourgeoise qui avait trahi. Il a donc tout fait pour occulter le rôle primordial des communistes dans la victoire ». La période de la « guerre froide » dès la fin du conflit a transformé, selon l’historienne, les communistes en ennemi de la France. « Une vision bien relayée par les médias et aussi les historiens pendant longtemps », a t-elle conclu, sous les applaudissements de la salle.

 

                                                                                                                Frédéric SEAUX

 

 

 

 

 

 

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27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 16:27

 

"Otage" ?

 

Ainsi, maintenant comme à chaque grève et manifestation, les non grévistes par idéologie ou par "obligation" (un rappel : la grève est un droit en France reconnue par la Constitution et le Code du travail. Et des pressions, les fonctionnaires en ont aussi pour ne pas faire grève),  se sentent obligés, terminologie à succès oblige relayée par les médias de "révérence", pour reprendre l'excellente expression de Jean-Luc Mélenchon, de se présenter comme des "otages".

Ainsi désormais, toute personne s'auto-proclame "otage" dès qu'elle est limitée dans ses déplacements, pour aller au travail, en vacances, à la chasse ou chez la grand-mère sénile, à cause de salariés, forcément nantis car très souvent issus du fonctionnariat, qui bloquent ou limitent, par un refus de travailler faisant suite à un mouvement social, le nombre de trains, d'avions, de bateaux, ou encore récemment l'accès à l'or noir.

 

Non mais de qui se moque-t-on? N'ont-ils pas honte d'oser se comparer aux vrais otages, ceux qui, du fait de leur profession (souvent de journaliste) ou de leur engagement sont kidnappés, humiliés, violentés, privés de nourriture, de soins, de liberté et parfois même assassinés?

Par pudeur, ils devraient avoir le réflexe, à chaque fois qu'ils sont tentés par cette comparaison,  de penser quelques secondes au sort de ces vrais otages qui, eux, paieraient cher pour se retrouver coincés dans des files interminables (mon épouse a mis plus de trois heures pour pouvoir accéder à une pompe à gasoil. Donc je n'ai pas de leçons à recevoir !) de véhicules faisant le pied de grue devant les stations essence limitées dans leur ravitaillement en raison d'une lutte bien légitime.

Bien légitime puisqu'il s'agit d'une des attaques les plus violentes d'un gouvernement français contre le peuple qui ne veut pas de sa "réforme" des retraites qui, va appauvrir les salariés qui jeunes ne trouvent pas d'emplois, et vieux en sont éjectés (  La France possède le taux d'emploi le plus bas des 55 ans et plus en  Europe Occidentale).

 

                                                                                              Frédéric SEAUX

 

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27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 09:58
Article de Lucile Gimberg, paru dans L'Humanité, le mardi 26 octobre 2010

 

 

 

Les mineurs chiliens oubliés de San José

 

Sans emploi, plus de 300 travailleurs de la mine la plus célèbre au monde, fermée depuis l’éboulement du 5 août, se battent pour obtenir leurs indemnités de licenciement.

 

Copiapo (Chili),envoyée spéciale.

 

Au Chili, pendant que les 33 mineurs sauvés de la mine San José savourent leur retour à la surface, les autres travailleurs de la mine manifestent pour obtenir le paiement de leurs indemnités de licenciement. Depuis le 5 août, jour de l’éboulement qui a enfermé 33 hommes sous terre, plus de 300 autres travailleurs ont perdu leur emploi.

Certes payés fin août et fin septembre, ces employés de l’entreprise San Esteban, propriétaire de la mine San José, n’ont officiellement toujours pas reçu leur congé. Et surtout pas encore touché un centime des indemnités de licenciement qui leur sont dues.

« L’entreprise propose de nous payer un quart des indemnités de licenciement en décembre et le reste en onze mensualités à partir de janvier », explique Javier Castillo, trésorier du syndicat de la mine San José et directeur national de la Confédération minière du Chili. « C’est inacceptable ! Avec quel argent les travailleurs vont-ils vivre jusqu’à décembre ? » s’insurge-t-il. Et de marteler : « Depuis des mois, voire des années, nous réclamons la ratification de la convention 176 de l’Organisation internationale du travail sur la sécurité dans les mines. »

En s’imposant sur le droit chilien, cet accord international de 1995 permettrait notamment aux mineurs de dénoncer le danger dans certaines mines, sans avoir peur d’être mis à la porte. Il leur donnerait aussi « le droit de paralyser la production », explique le syndicaliste. Le président chilien conservateur, Sebastian Pinera, a promis de ratifier cette convention. En attendant, répète Javier Castillo, des mines aussi dangereuses que San José « continuent d’être exploitées un peu partout » dans le nord du Chili.

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27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 09:54

Article de Sébastien Crépel, paru dans L'Humanité, le mardi 26 octobre 2010

 

 

Pour Nicolas Sarkozy, Guy Môquet ne fait plus recette

 

 

Les temps changent. Les exemples que Nicolas Sarkozy donne à suivre à la jeunesse de France aussi. Ce 24 octobre, jour d’hommage aux 27 de Châteaubriant, dont plusieurs, morts de leur courage et de leur engagement, n’avaient pas vingt ans, on n’a pas entendu le chef de l’État évoquer la figure de Guy Môquet. Comme il l’avait fait le 16 mai 2007, lorsqu’il avait pris la décision de faire lire sa dernière lettre adressée à ses parents dans toutes les écoles de France. Ce jour-là, Nicolas Sarkozy invitait les jeunes générations à méditer l’« exemple » de Guy Môquet, « un exemple non pas du passé mais pour l’avenir ». « Si nous voulons en faire des hommes et non de grands enfants, nous avons le devoir de leur transmettre à notre tour cette idée de l’homme que les générations passées nous ont léguée et au nom de laquelle tant de sacrifices ont été consentis », disait Nicolas Sarkozy. Mais à l’heure où des milliers de jeunes se sentent suffisamment citoyens et adultes pour exercer leur droit de manifester pour défendre l’héritage social de leur pays, il n’y a plus personne pour vanter leur sens de l’engagement. Trop jeune pour manifester et revendiquer… mais suffisamment vieux pour aller en prison et être déférés devant les tribunaux : pour la droite, les jeunes d’aujourd’hui ont surtout le droit de se taire.

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27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 09:41

Entretien avec François Jost, universitaire spécialiste des médias,

 

réalisé par Anna Musso et paru dans L'Humanité, le mardi 26 Octobre 2010

 

François Jost « Sarkozy stigmatise les grévistes pour mieux régner »

François Jost, sociologue des médias, analyse le plan de communication du gouvernement et 
le traitement médiatique du mouvement social, de la mobilisation des lycéens au blocage des raffineries.

 

Comment interprétez-vous l’ampleur de la mobilisation sociale ?

 

François Jost. La mobilisation est forte parce qu’elle dépasse le problème des retraites, qui est fondamental. Ce mouvement est le résultat d’une accumulation de désaccords et de ressentiments de la population contre les mesures prises par Sarkozy, depuis des années. Et les jeunes ont bien raison de s’inquiéter de leur avenir et de leur entrée sur le marché du travail. Certains disent ne pas comprendre pourquoi ils manifestent et pourtant ce sont les mêmes qui s’interrogent sur l’état de la planète que nous laisserons à nos enfants. D’un côté, il faudrait faire de l’écologie et, de l’autre, ne pas s’inquiéter sur le type de retraite dont nos enfants vont hériter ? C’est absolument contradictoire !

 

Concernant les jeunes, justement, quelle analyse faites-vous du traitement médiatique dont ils sont l’objet ?

 

François Jost. La mobilisation des jeunes a été l’occasion pour un certain nombre de gens et pour de grands médias de montrer que ce n’était plus tant le problème des retraites qui était au centre du mouvement, mais des revendications contre Sarkozy. Toutefois, depuis quelques jours, les médias, utilisent un procédé habituel : ils mettent en avant les casseurs, dont on sait pourtant qu’ils représentent une proportion extrêmement faible par rapport à la vraie mobilisation des lycéens et des étudiants, qui monte.

 

Quelles différences relevez-vous entre les journaux télévisés, de radio et de presse ?

 

François Jost. La différence est très simple, c’est toujours l’image. Par exemple, dire à la radio qu’il y a eu quelques problèmes en fin de manifestation n’a pas du tout le même impact que de montrer, comme on l’a vu sur France 2, des pavés envoyés par des jeunes et des CRS qui ripostent. Ce qui m’a frappé à la télévision, c’est le montage : en montrant d’abord des jeunes lançant des pierres, puis les forces de l’ordre, ces journalistes orientent le sens des images en reportant automatiquement la faute du côté des jeunes.

 

En est-il de même concernant le blocage des raffineries ?

 

François Jost. La progression du traitement médiatique est très classique, même si elle a peut-être mis un peu plus de temps à se développer cette fois-ci parce que 70 % des Français soutiennent le mouvement social, mais le procédé consiste désormais à montrer que les usagers trinquent. Ainsi, depuis quelques jours, on voit à la télévision des gens qui râlent parce qu’ils attendent de l’essence, ou les transports en commun…

 

En mettant en valeur de telles images ou propos, des médias ne se font-ils pas l’écho du gouvernement ?

 

François Jost. Un responsable des médias répondrait qu’il angle ses sujets en se posant d’abord la question de savoir « comment séduire le téléspectateur en étant proche de lui ». C’est la loi du nombre. Or, entre les personnes qui bloquent les raffineries, forcément moins nombreuses que les gens qui ne peuvent pas prendre d’essence, les médias choisissent d’être du côté de la majorité de l’audience. Le souci du type qui n’aura pas sa retraite à taux plein est moins important que celui du type qui veut aller voir sa belle-mère ou conduire son fils à l’école en voiture !

 

Mais pourtant la majorité des Français soutiennent le mouvement, n’est-ce pas dans l’intérêt des médias de prendre le parti de la mobilisation ?

 

François Jost. Oui, bien sûr, mais le chiffre des 70 % de Français qui sont pour la mobilisation ne permet pas de faire de l’image, alors qu’avec une personne étant dans la situation concrète de pas pouvoir prendre de l’essence, vous avez de la réaction, vous pouvez faire de la polémique. Puis il doit sûrement être difficile de filmer quelqu’un qui attend depuis deux heures dans une station essence et dit qu’il est vraiment content pour le blocage des raffineries !

 

Comment analysez-vous la communication du gouvernement ?

 

François Jost. Sa communication est habile et inquiétante, par exemple, lorsque Sarkozy scande, jeudi dernier, que « les Français sont pris en otages », c’est une tarte à la crème, puisqu’on l’entend à peu près à chaque grève, mais avec cet argument le président monte une partie des Français contre les autres, comme il en a l’habitude. Au fond, sa communication est toujours la même, comme cet été avec les Roms : c’est la stigmatisation. Il stigmatise une catégorie de la population qui s’opposerait, selon lui, au bien commun. Une méthode qui ne vise pas à rassembler, mais à diviser pour mieux régner.

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24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 10:28

 Articles parus dans l'Hedomadaire La Terre, 12-18 octobre 2010, page 17

 

 

livre julian mischiOuvriers, paysans, même combat ?

 

Les ouvriers ont écarté les paysans des instances dirigeantes du PCF. C’est la thèse que développe le sociologue Julian Mischi dans son ouvrage consacré aux sociabilités militantes au PCF. Il y explore les liens de ce parti dans les milieux ruraux, notamment dans l’Allier.

 

Comment fonctionne le PCF et quel est son rôle dans les milieux ruraux ? C’est ce qu’a voulu savoir le sociologue Julian Mischi. D’autant que, selon le chercheur, l’historiographie communiste a longtemps délaissé les campagnes, « reprenant ainsi l’image ouvriériste de ʺ parti de la classe ouvrière ʺ. D’une thèse de doctorat sur ce sujet est né un livre, Servir la classe ouvrière (Presses universitaires de Rennes, 2009, 340 pages, 19 euros) qui se limite à l’apogée du PCF de 1920 à 1970. un ouvrage captivant tant pas ses analyses que par ses angles d’études.

Dans cette démarche, le chapitre consacré au bocage bourbonnais dans le département de l’Allier, retient particulièrement l’attention. Situé sur le bordure nord-ouest du massif central ou domine le bocage orienté en priorité vers l’élevage bovin et secondairement vers la polyculture, le bourbonnais est composé de communes issues d’assemblages de hameaux éloignés les uns des autres et de bourgs minuscules. La conclusion de Julian Mischi dans ce chapitre est étonnante : alors que les ruraux constituent la principale base militante et électorale du PCF dans la région, ils sont paradoxalement marginalisés au sein d’une organisation politique dirigée par des permanents d’origine ouvrière.

Les ruraux exclus des instances dirigeantes du PCF

Pour Julian Mischi, il s’agit ni plus ni moins d’un aspect caractéristique de l’ouvriérisme du parti : la mise à distance des catégories non-ouvrières. Pour autant, Julian Mischi n’en déduit pas une domination totale des « ouvriers ». Dans ce chapitre, il prend soin de démontrer qu’au-delà de l’appareil fédéral largement dominé par ces derniers, « la promotion des militants locaux ruraux est effective à l’échelon local et qu’elle peut prendre des voies électives et syndicales ».

Julian Mischi tente trois explications, certainement insuffisantes mais qui ont le mérite de s’interroger intelligemment sur le fonctionnement de ce parti : Cette marginalisation ne serait pas un aveuglement du PCF mais une volonté d’imposer des normes sociales ouvriéristes diffusées avec efficacité dans les fédération. Autre explication : les contraintes propres des exploitants agricoles. Mais si le manque de temps était vraiment la raison expliquant cette absence, comment adhérer alors à la dernière hypothèse de l’auteur ? Il estime, en effet, qu’elle est due aussi au fait qu’ils sont très souvent pris par un fort engagement syndical qui leur laisse peu de temps pour le parti qui par conséquent ne les promeut pas.

Un soutien modéré aux ouvriers agricoles

Et si cette conséquence était plutôt la cause ? D’ailleurs quelques lignes plus loin dans l’ouvrage, Julian Mischi en citant Waldeck Rochet en 1955 lors du comité central donne corps à cette hypothèse. Pour le leader communiste, les paysans membres du parti sont souvent des paysans aisés patrons (« les mains blanches ») qui emploient des salariés. Par conséquent, ils ne peuvent pas donner « une orientation juste » et ils ne peuvent pas « appliquer de façon conséquente la politique de classe du PCF en direction des ouvriers agricoles et des petits paysans ».

L’ouvriérisme communiste aurait-il donc totalement triomphé dans le Bourbonnais à la fin des années 1970 ? Julian Mischi n’en est pourtant pas certain, pointant du doigt là encore une autre mise à l’écart des instances dirigeantes, celle des ouvriers agricoles au profit des exploitants agricoles qui demeurent néanmoins peu nombreux à mesure que l’on grimpe dans la hiérarchie du parti communiste. D’ailleurs, rappelle l’auteur, lors des grèves des ouvriers agricoles en 1936-1937, le parti communiste français apportera un soutien très modéré à ces grévistes.

 Frédéric SEAUX

 

 

Un regard sans concessions sur le PCF

 

Portrait. "le monde ouvrier et le PCF sont deux choses différentes", estime Julian Mischi. Aujourd'hui, ce chercheur à l'Inra enseigne la sociologie des espaces ruraux, après un parcours universitaires consacré au monde ouvrier. 

 

Julian Mischi ne pouvait que s'intéresser au monde ouvrier et au parti communiste : il voit le jour en 1974 dans une famille installée en Lorraine, d'origine italienne par son grand-père paternel, mieneur de fond. Ses parents se sont engagés au PCF, « en hommage à leurs parents qui ne l’étaient pas », précise-t-il amusé, Julian Mischi s'est rendu compte « très vite que le monde ouvrier et le PCF étaient deux choses différentes ». Après des études de philosophie, Julian Mischi consacre un mémoire de DEA d’histoire au monde ouvrier dans la région de Grenoble et de Saint-Nazaire. A cette occasion, il s’aperçoit que dans cette ville le PCF est faible par rapport au potentiel ouvrier de la ville. Paradoxalement, il est bien implanté dans les villages environnants, notamment dans le marais de Brière qui recense de nombreuses municipalités communistes.

Julian Mischi l’affirme : ses recherches n’auraient jamais abouti sans la participation active des fédérations du PCF qui lui ont facilité le travail en lui ouvrant pleinement leurs archives. Aujourd’hui, il est chargé de recherche à l’INRA de Dijon et chargé de cours à sciences-po Paris ainsi qu’à l’Université de Dijon où il y enseigne la sociologie des espaces ruraux. Il n’en délaisse pas pour autant le monde ouvrier. Il travaille désormais sur l’univers syndical à travers la CGT.

Le regard du sociologue sur le PCF est  sans concessions. Pour Julian Mischi ce parti s’est désagrégé. Longtemps basé sur ses militants, il survivrait aujourd’hui exclusivement grâce à ses élus, de moins en moins représentatifs des milieux populaires qu’ils sont censés défendre. Le Front de Gauche pourrait être une planche de salut pour le PCF « à condition qu’il soit constitué d’élus et de militants issus des milieux populaires. Sinon il deviendra un parti comme le Parti socialiste », conclue le jeune chercheur.

Frédéric SEAUX

 

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  • : Le blog de frederic seaux
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