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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 12:25

Article paru dans le Journal d’Elbeuf le mardi 7 juin 2011

 

Pascal Morel à visage découvert

 

 

Pascal Morel est devenu le 7 mai dernier le nouveau secrétaire général de la CGT de Renault Cléon. Rien d’étonnant au vu du parcours de ce militant cégétiste dont la culture familiale aurait pu le mener vers d’autres… cieux !

 

 

Pour Pascal Morel se battre pour la retraite à 60 ans estPascal Morel aura 49 ans cette année. Il est né à Elbeuf en 1962 dans une famille ouvrière et catholique pratiquante. Enfin surtout son père, aujourd’hui décédé, « qui a voué toute sa vie à l’église » et qui sera sacristin à Orival, prévient immédiatement Pascal Morel dès le début de l’interview, comme pour bien marquer sa différence. Car s’il n’a aucun regret sur la culture familiale qui lui a été transmise, il tient à ce que les choses soit claires : très vite le futur secrétaire général de la CGT Cléon prendra « la tangente » avec l’église dès la majorité atteinte et le service militaire effectué. Mais auparavant Pascal Morel aura longtemps officié comme enfant de chœur, puis comme organiste lors des messes. « Je gagnais quelques pièces et ça me permettait d’avoir un peu d’argent de poche surtout quand j’étais à l’armée », confie celui qui reconnaît qu’il le faisait aussi par respect pour son père.

Don Camillo contre Peppone

Néanmoins les tensions, entre le père catholique pratiquant et le fils qui s’ouvrait petit à petit aux idées communistes, étaient monnaie courante. « Moi je lisais l’Huma et mon père lisait la Croix », se souvient-t-il. Si les deux journaux sont alors loin d’être aussi opposés qu’on veut bien le prétendre, les deux hommes s’en servent comme arme idéologique où tous les coups sont permis, même si finalement beaucoup d’amour existait entre le père et son fils. « Un jour, raconte Pascal, je ne pouvais pas me déplacer car je m’étais blessé en jouant au football. J’ai alors demandé à mon père d’aller m’acheter l’Huma. Il m’a répondu : « tu demanderas à Georges Marchais ». A la maison ça faisait un peu Don Camillo contre Peppone », sourit celui pour lequel la mort de son père, en mars 2010, résonne encore douloureusement dans son cœur et dans sa tête. Mais l’homme au physique d’athlète ne veut rien laisser paraître.  Pascal Morel est un meneur d’hommes qui ne doit pas se laisser attendrir. Rien d’étonnant alors que l’homme joue au poste de stoppeur au football, poste charnière où il a un œil sur ses défenseurs, et qu’il ait été élu secrétaire général de la CGT à Renault Cléon. Poste à responsabilités où la confiance de ses troupes est cruciale.

Pascal-Morel-au-milieu-de-ses-troupes-elues-CGT-chez-renau.JPGAdhésion à la CGT en 1983

Lui qui aurait pu suivre les traces militantes de son père, choisit finalement d’adhérer à la CGT en 1983, deux après être entré chez Renault Cléon.  « En sortant de l’armée où je n’avais rien appris, à part la vie en communauté et où j’ai souvent eu des sanctions parce que je la ramenais trop, j’ai postulé chez Renault qui venait de passer des accords avec le gouvernement pour embaucher, après les luttes sociales de 1978 », explique-t-il. C’était alors le bon temps ou l’Etat avait encore un rôle majeur au sein de l’entreprise au losange. Auparavant, Pascal, sorti de l’école en 1977, avec seulement le BEPC, avait multiplié les petits boulots de manœuvre. A l’époque le chômage progresse rapidement et le travail commence à se faire déjà rare. Rentrer chez Renault est alors une opportunité que Pascal, qui aime les voitures, ne laisse pas passer. « J’aurais pu rentrer chez Rhône-Poulenc à Saint-Aubin-lès-Elbeuf où travaillait mon père, mais je ne suis pas allé à l’entretien d’embauche. Mon père s’est fait engueuler par le chef du personnel et bien sûr, il m’a passé un savon le soir à la maison. Mais il avait raison, j’aurais dû appeler l’entreprise pour dire que je n’étais pas intéressé par un emploi dans l’industrie chimique ».

Une élection logique

Petit à petit l’oiseau fait son nid. Pourtant Pascal a bien failli quitter Renault deux ans après son entrée. « J’étais à la manutention et je ne voyais aucune perspective d’avenir ». Mais comme Pascal n’est pas du genre à se taire, la CGT le remarque et sent le bon coup à jouer avec ce jeune homme qui lit beaucoup, au-delà de la seule presse de gauche. Et en 1983, tout juste syndiqué, Pascal est élu délégué CGT au CHSCT. Il a 21 ans. Dans la foulée, il adhère au PCF, qu’il quittera en 1994 ne supportant pas que « le parti abandonne la lutte des classes et devienne un parti d élus ». Cela fait dix-sept ans, mais Pascal ne semble toujours pas avoir digéré cette rupture avec sa famille politique. L’homme est entier et supporte peu le compromis.

Direct et frontal

Il n’aime ni les moutons qui suivent bêtement sans réfléchir et encore moins ceux qui prétendre résoudre les problèmes avec des pansements. L’homme est direct, frontal, excessif diront peut-être certains. Mais Pascal Morel est ainsi et il ne laisse pas indifférent. L’injustice le révolte. Pour tenter de la combattre, Pascal gravit les échelons du syndicat : secrétaire du CHSCT, délégué du personnel, élu au comité d’entreprise… . Lui qui a toujours été davantage le premier des guignols que le premier de la classe, rattrape son retard grâce aux formations internes du syndicat et du parti communiste.

Elu aujourd’hui secrétaire général de la CGT de Renault et de la fonderie de Cléon, Pascal Morel entend bien travailler avec l’ensemble du secrétariat syndical. Car s’il reconnaît que son élection est « logique » au vu de son parcours, hors de question pour autant d’en faire une fin en soi, un aboutissement. Il compte bien utiliser son mandat pour renfoncer encore davantage la CGT et gagner des prochaines batailles sociales. « Et après ? », ose-t-on lui demander. « Je n’en sais rien. Je pense que je me consacrerai au monde associatif ». Pascal a été dans un passé récent vice-président du club des vétérans de club de football de Sotteville-lès-Rouen, après avoir joué longtemps à Thuit-Signol, tout en habitant dès 1972 à la Saussaye, puis à Freneuse où il part rejoindre des amis.

Ce qui est sûr en tout cas, c’est que ceux qui rêvent de le voir se taire peuvent toujours aller brûler un cierge à l’église. Ils seront au moins certains de ne pas l’y rencontrer.

Frédéric SEAUX

 

Repères

Né à Elbeuf le 15 septembre 1962

Vie maritale

1972 : habite à la Saussaye

1974 : débute le football à 14 ans à Thuit Signol

BEPC en 1977 obtenu grâce à ses bonnes notes.

1978 : Quitte son BEP d’agent administratif au lycée Fernand Buisson d’Elbeuf au bout d’un an.

1980 : Armée à Sissonne dans l’Aisne.

1981 : Rentre chez Renault Cléon

1983 : Adhère à la CGT et est élu au CHSCT

1994 : Quitte le PCF

2005-2007 : Président du club de football vétéran de Sotteville-lès-Rouen

2007-2011 : Vice président du club

Mars 2010 : Décès de son père

7 mai 2011 : Elu secrétaire général CGT de Renault Cléon.

 

 

LE QUESTIONNAIRE DE PROUST de Pascal Morel

 

- Quel est pour vous le comble de la misère ?

L’extrême solitude, l’exclusion

- Votre idéal de bonheur terrestre ?

L’équité, la paix, la quiétude

- Pour quelles fautes avez-vous le plus d'indulgence ?

Si je suis indulgent, alors la faute n’est pas une faute

- Quel est votre personnage historique favori ?

CHE GEVARA

- Vos héros favoris ?

LOUISE MICHEL, MANOUKIAN et ses hommes, TOUS LES RESISTANTS  passés et présents et futurs.

 ROBIN DES BOIS  DANS LA LITTERATURE

- Votre peintre favori ?

AMEDO MODIGLIANI

- Votre musicien favori ?

MOZART, BRASSENS, U2 , TIKEN JAH FAKOLY

- Votre qualité préférée chez l'homme ?

L’authenticité

- Votre qualité préférée chez la femme ?

Un savant mélange  de douceur, de fragilité, de sensibilité et de force

- Quelle est votre vertu préférée ?

L’élégance de l’ÊTRE

- Votre occupation préférée ?

Rassembler, construire avec les autres pour un  demain meilleur

- Qui auriez-vous aimé être ?

Un autre sans aucun doute

- Le principal trait de votre caractère ?

La pugnacité

- Ce que vous appréciez le plus chez vos amis ?

leur côté vrai, leur authenticité,  du coup leurs défauts et leurs qualités

- Quel est votre principal défaut ?

l’entêtement

- Votre rêve de bonheur ?

De ne pas le chercher mais de savoir le reconnaître

- Quel serait votre plus grand malheur ?

La résignation

- Le pays où vous désireriez vivre ?

Partout où il fait bon vivre et où l’exploitation de l’homme par l’homme n’existerait plus

- La couleur que vous préférez ?

Le rouge :  vif , éclatant, pourpre, vermillon, métallique

- La fleur que vous aimez ?

L’éphémère coquelicot

 

- L'oiseau que vous préférez ?

La mésange pour sa grâce

- Quels sont vos auteurs favoris ?

ZOLA ,MOLIERE , ARAGON ,FRED VARGAS, STEPHEN KING ,PASCAL ACOT ET la PLUME  POLITIQUE DE MICHEL BARRIERE

- Ce que vous détestez par dessus tout ?

L’INJUSTICE  SOCIALE ET LA RESIGNATION

- Le fait politique que vous admirez le plus ?

Le combat de MELSON MANDELA   LA FIN DE L’APARTHEID

- Le don de la nature que vous voudriez avoir ?

Le don d’ubiquité, il y a tellement d’urgences !!!

- Comment aimeriez vous mourir ?

Debout, vivant et surtout de plaisir !

- Quel est l'état présent de votre esprit ?

L’indignation, l’ulcération, l’exaspération du pouvoir  et du système capitaliste.

-         Votre devise ?

Celle d’ÉRASME «  On ne doit être asservi à l’autorité de personne si l’on s’occupe de la vérité »

 

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