Article paru dans l'Humanité, le 23 Février 2011
Rubrique : "Territoires du côté de chez vous"
Pêcheurs du Tréport et élus communistes haut-normands s’opposent aux futurs parcs éoliens offshore au large des côtes normandes à Courseulles-sur-Mer, Fécamp et au Tréport.
L’Élysée a annoncé la construction des 600 premières éoliennes marines françaises. Dans son appel à projets, l’État appelle à la constitution d’une filière éolienne marine française compétitive, à une mobilisation des tissus industriels locaux, promettant ainsi la création de 10 000 emplois dans ce secteur. En Haute et en Basse-Normandie, l’annonce a ravi la droite, à laquelle se sont associés les élus socialistes et écologistes. Ils ont salué cette décision évoquant de concert l’ancrage du développement durable, les emplois à la clé et les nouveaux débouchés économiques pour les entreprises et industries de ces deux régions. Cette décision finale ne fait pourtant pas que des heureux. Notamment les pêcheurs, qui refusent de « mordre à l’hameçon » face aux belles promesses de la Compagnie du vent (CDV). Cette filiale de GDF Suez, qui part grande favorite dans la mise en oeuvre de cette ferme de 140 éoliennes offshore au large de Dieppe et du Tréport, a revu son projet lors du dernier débat public de septembre 2010 permettant ainsi, selon elle, tous les types de pêche. Les pêcheurs de cette zone demeurent ainsi toujours opposés au projet, contrairement à leurs homologues fécampois et bas-normands, où la pêche pèse moins dans l’économie locale. Soutenus par les élus communistes de la région, dont le maire du Tréport, Alain Longuent, qui promet d’aller « jusqu’au bout avec [nos] pêcheurs », ces derniers en contestent le volet économique et écologique. « On parle de 150 emplois pérennes liés à la maintenance dans notre zone, mais nous, au Tréport, on fait travailler près de 1 000 personnes", explique Olivier Becquet, responsable de la coopérative des artisans pêcheurs de Dieppe- Le Tréport qui doute des motivations écologiques de la CDV. « Elle n’a jamais mis une éolienne en mer et elle va faire appel à des sociétés étrangères pour la réalisation de ce chantier. Une fois les éoliennes installées, ce promoteur repartira habiter dans le Midi (le siège de la CDV est à Montpellier – NDLR), là où on n’installe pas d’éoliennes. » Sur un plan écologique, le pêcheur assure avoir proposé l’alternative d’éoliennes flottantes « moins néfastes pour nos zones de pêche », mais probablement plus dangereuses pour la circulation des bateaux. La municipalité communiste du Tréport, par la voix du directeur de cabinet, enfonce le clou. « La construction nécessite 3 000 tonnes de béton par pied d’éolienne, qui en compte chacune trois, qu’il faut ensuite multiplier par les 141 éoliennes prévues dans notre zone. Où est l’économie carbone ? » ironise-t-il.