Article paru dans l'Humanité le 8 Mars 2011
Le Conseil d’État a donné raison hier à la directrice de l’École normale supérieure qui a refusé une salle à des étudiants pour organiser un débat sur « l’apartheid » en Israël.
«Nous irons devant la Cour européenne des droits de l’homme. » Avant même de connaître l’arrêt du Conseil d’État rendu hier après-midi, le collectif Palestine ENS exprimait sa volonté d’aller jusqu’au bout des voies de recours contre le refus de l’École normale supérieure (ENS) d’autoriser un débat organisé par ses soins sur la situation en Palestine.
Et effectivement, le Conseil d’État a donné raison hier après-midi à la directrice de l’ENS, Monique Canto-Sperber, au motif que cet événement organisé dans le cadre de l’Israeli Apartheid Week allait « promouvoir le boycott des échanges scientifiques et économiques avec Israël » alors que « le service public de l’enseignement supérieur est indépendant de toute emprise politique (...) ou idéologique ». Les juges ont aussi retenu l’argument de la direction selon lequel une telle réunion risquait de troubler l’ordre public.
« Au-delà du débat juridique, cette décision est scandaleuse au niveau politique, a réagi Sandro, du collectif ENS Palestine. L’Israeli Apartheid Week se déroule à Oxford (grande université anglaise – NDLR) quand on interdit cette réunion en France, autoproclamée grande patrie des droits de l’homme ! » Loin de promouvoir le boycott, ces normaliens souhaitaient débattre de la notion d’apartheid pour qualifier le traitement par Israël des Palestiniens, comme l’ont fait avant eux Nelson Mandela ou Jimmy Carter... « Au départ, nous nous battions pour pouvoir organiser un débat entre étudiants. Aujourd’hui, l’enjeu est bien plus important, car en France, il devient très difficile de parler de la Palestine. » Et de citer le refus d’accorder une salle à Leïla Shahid par la mairie de Marseille, en janvier, pour des raisons identiques. Après l’annulation de la conférence de Stéphane Hessel, cela commence à faire beaucoup.