Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 21:31

 

Article paru dans l'Humanité le 10 février 2011
Quelles seront les énergies de demain ?

 

Invités au débat par les Amis de l’Humanité de Haute-Normandie, le député PCF Daniel Paul et l’ingénieur chercheur Luc Foulquier plaident pour un pôle public de l’énergie.

 

Rouen, correspondance.

 

 «Deux milliards d’individus n’y ont pas accès. » Daniel Paul, député communiste du Havre, pointe immédiatement la contradiction entre les besoins humains d’accès à l’énergie et la recherche constante du profit des groupes de production et de distribution. « Les questions énergétiques sont des questions majeures », insiste-t-il, rappelant au passage que le Parti communiste français avait été le premier parti français à disposer très tôt d’une commission environnement.

« Au vu de l’épuisement des énergies fossiles, réfléchir à leur remplacement est vital. » Tel est l’enjeu principal. Pour y faire face, le député est convaincu de la nécessité de poursuivre dans la voie nucléaire de production d’électricité qui couvre aujourd’hui, via les 58 réacteurs nucléaires, « 80 % des besoins de la France ». Sans nier l’intérêt d’investir également dans le développement d’autres énergies renouvelables, comme l’éolien et le photovoltaïque, le député communiste appuie néanmoins sur le fait que, grâce au nucléaire, la production électrique française est « la moins carbonée du monde ». « En matière de réponses à apporter aux questions énergétiques, ce n’est pas aux scientifiques de décider mais aux politiques », affirme Luc Foulquier, qui se fait tout de même insistant sur l’aspect « incontournable » du nucléaire, créateur d’emplois (près de 80 000 en France) dans la production électrique. Abondant dans le sens de Daniel Paul en matière de développement de l’éolien et du photovoltaïque, le scientifique a cependant pointé du doigt l’impossibilité de stocker ces productions par définition aléatoires, et donc la nécessité de recourir aux très polluantes centrales thermiques à gaz pour pallier leur déficit énergétique. Autre enjeu : celui de la concurrence au sein du secteur de l’énergie et de sa privatisation totale à plus ou moins long terme. Évoquant la situation d’EDF, Daniel Paul rappelle que « la loi sur la nouvelle organisation du marché de l’électricité oblige EDF à vendre 25 % de sa production nucléaire à ses concurrents à un tarif supérieur d’au moins 20 % au coût actuel de l’électricité d’origine, soit autant d’augmentation demandée au consommateur ensuite ».

Si l’usager apparaît comme le principal perdant de l’ouverture à la concurrence et des privatisations, les salariés du secteur risquent fort de ne pas être épargnés. « La Haute-Normandie, première région énergétique française avec ses 11 000 emplois dont 4 000 dans celui du raffinage qui couvre 36 % de la production nationale et troisième région en matière de production électrique (12% de la production nationale – NDLR) grâce à ses deux centrales de Paluel et Penly », est dans la ligne de mire, estime Daniel Paul qui craint inévitablement une saignée en matière d’emploi.

Rappelant le travail des élus communistes au Parlement, Daniel Paul plaide pour « le retour à la maîtrise publique complète » de la production énergétique pour assurer « l’approvisionnement et le maintien des tarifs régulés », ainsi que pour la création d’un pôle public de l’énergie et une production nucléaire « strictement publique ». Le parlementaire y voit un moyen de mettre fin à « la précarité énergétique dans les quartiers populaires » où on assiste à la multiplication des coupures de courant au sein des foyers qui n’ont plus les moyens de payer leur facture de gaz et d’électricité. C’est aussi, selon lui, la solution pour que le Grenelle de l’environnement, empli de belles déclarations d’intention, ait enfin « les moyens de ses ambitions ».

Frédéric Seaux

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2009 6 31 /10 /octobre /2009 21:31


Article paru dans L'Humanité Dimanche, du 9 au 16 juillet 2009


Près de Dieppe, on attend l'EPR de pied ferme


L’implantation d’un second EPR à Penly suscite la colère des écologistes. Mais pour le bassin dieppois, dont le taux de chômage a dépassé les 10%, il s’agit d’une réelle opportunité de relancer son secteur industriel.

De l’avis de la police comme des militants écologistes, la manifestation organisée dimanche 28 juin à Dieppe contre l’implantation d’un second EPR (réacteur nucléaire 3è génération) à Penly, a été un échec. 500 manifestants à peine ont répondu à l’appel du collectif « Sortir du Nucléaire », qui fédère pas moins de 840 associations. Un collectif pour lequel ce second EPR « détournera la France de son engagement de 20% de sources d'énergie renouvelables en 2020 ». Le collectif a tenu tout de même à motiver son opposition en dénonçant la dangerosité d’un tel site, son relatif impact économique au regard du potentiel d’emplois que créeraient les énergies renouvelables et enfin la dépendance de la France dans ses besoins en uranium importé notamment du Niger.

Pour Sébastien Jumel, maire de Dieppe et vice-président du Département, l’échec de cette manifestation était attendu. Pour lui, la population non seulement n’a pas peur du nucléaire, mais elle est même pressée que les travaux commencent. Il faut dire que le bassin d’emplois dieppois a été particulièrement touché par la crise industrielle. « Le taux de chômage a largement dépassé la barre des 10 % alors qu’elle était déjà à 9,4 au dernier trimestre 2008 », précise le cabinet du maire.  On ne compte plus, en effet, les fermetures à répétition d’entreprises, pour la plupart prestataires métallurgiques pour le secteur automobile, fortement implanté dans la région fortement touchée par la crise. Ainsi, selon Eveline Duhamel, présidente de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Dieppe, « Au niveau de l’automobile, nous sommes impactés de 7 % de plus qu’à l’échelle nationale. ».

 Au-delà d’une véritable bouffée d’oxygène pour l’emploi (2000 emplois crées pour la construction. 300 emplois pérennisés), cette implantation à Penly peut donc représenter une opportunité pour les entreprises de la région. En se positionnant sur le créneau du nucléaire, et non plus seulement sur l’unique créneau automobile, elles pourraient avoir des nouvelles perspectives de développement. Une arrivée salvatrice notamment pour le secteur métallurgique (57% de l’emploi industriel) qui n’en a pas encore fini avec la crise puisque  près de 1000 emplois sont toujours menacés de disparition.

Le sous-préfet de Dieppe qui a prévu, conformément à la loi, un débat public début 2010 sur cette implantation, résonne, lui, au-delà même de Penly et du bassin dieppois. « Les entreprises locales qui auront réussi à s’insérer dans le marché de l’EPR seront bien placées pour les projets sur le Royaume-Uni ». Des propos totalement partagés par Sébastien Jumel qui évoquant l’EPR parle de « vision d’avenir », dans le bulletin municipal de mai dernier. Et s’il considère qu’au-delà même de la création d’emplois, l’énergie nucléaire reste à ce jour la seule alternative au mode de vie actuelle et l’énergie la plus propre, il n’esquive pas, pour autant, la nécessité de développer aussi les énergies renouvelables. Le développement durable est d’ailleurs un des piliers de son projet municipal. 

Hormis les Verts qui s’y sont opposés, ce projet d’implantation à Penly fait l’unanimité  à gauche (Les Verts accusent le PS d’avoir renié ses engagements anti-EPR) comme à droite en Seine-Maritime. Antoine Rufenacht, maire UMP du Havre et ami de Nicolas Sarkozy, a notamment jouer un rôle clef dans le choix de cette implantation. Seul les communistes attachent pourtant de l’importance à ce que ce projet d’implantation soit confié à EDF, avec GDF Suez comme partenaire minoritaire, et non au privé. Une décision importante pour Sébastien Jumel qui, selon son cabinet, aurait été très réservé dans le cas contraire, sur cette implantation.

                                                                                                                          Frédéric SEAUX

En savoir plus

ü      Construction d’un deuxième EPR : réaction du PCF : www.pcf.fr

ü      Organisation anti-epr : www.stop-epr.org

ü      Site du ministère de l’environnement : www.developpement-durable.gouv.fr

ü      Sur les mesures envisagées pour  sauvegarder la métallurgie dans le bassin dieppois : Le journal de Bord, magazine municipal, mai 2009, Téléchargeable sur le site de la ville : www.dieppe.fr

ü      Sur la politique de développement durable de la ville de Dieppe : Le journal de Bord, magazine municipal, juin 2009. Téléchargeable sur le site de la ville : www.dieppe.fr

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de frederic seaux
  • : il s'agit d'un blog sur lequel paraissent certains de mes articles publiés dans le quotidien l'Humanité et les deux hebdomadaires, La Terre et l'Humanité Dimanche. J'utilise également ce blog comme moyen d'expression sur des sujets d'actualité que je ne traite pas directement à travers mes articles. Rendez-vous également sur le blog de la maison d'édition que j'ai créée : http://editionscogitoergosum.over-blog.com
  • Contact

Recherche

Liens