Invités au débat par les Amis de l’Humanité de Haute-Normandie, le député PCF Daniel Paul et l’ingénieur chercheur Luc Foulquier plaident pour un pôle public de l’énergie.
Rouen, correspondance.
«Deux milliards d’individus n’y ont pas accès. » Daniel Paul, député communiste du Havre, pointe immédiatement la contradiction entre les besoins humains d’accès à l’énergie et la recherche constante du profit des groupes de production et de distribution. « Les questions énergétiques sont des questions majeures », insiste-t-il, rappelant au passage que le Parti communiste français avait été le premier parti français à disposer très tôt d’une commission environnement.
« Au vu de l’épuisement des énergies fossiles, réfléchir à leur remplacement est vital. » Tel est l’enjeu principal. Pour y faire face, le député est convaincu de la nécessité de poursuivre dans la voie nucléaire de production d’électricité qui couvre aujourd’hui, via les 58 réacteurs nucléaires, « 80 % des besoins de la France ». Sans nier l’intérêt d’investir également dans le développement d’autres énergies renouvelables, comme l’éolien et le photovoltaïque, le député communiste appuie néanmoins sur le fait que, grâce au nucléaire, la production électrique française est « la moins carbonée du monde ». « En matière de réponses à apporter aux questions énergétiques, ce n’est pas aux scientifiques de décider mais aux politiques », affirme Luc Foulquier, qui se fait tout de même insistant sur l’aspect « incontournable » du nucléaire, créateur d’emplois (près de 80 000 en France) dans la production électrique. Abondant dans le sens de Daniel Paul en matière de développement de l’éolien et du photovoltaïque, le scientifique a cependant pointé du doigt l’impossibilité de stocker ces productions par définition aléatoires, et donc la nécessité de recourir aux très polluantes centrales thermiques à gaz pour pallier leur déficit énergétique. Autre enjeu : celui de la concurrence au sein du secteur de l’énergie et de sa privatisation totale à plus ou moins long terme. Évoquant la situation d’EDF, Daniel Paul rappelle que « la loi sur la nouvelle organisation du marché de l’électricité oblige EDF à vendre 25 % de sa production nucléaire à ses concurrents à un tarif supérieur d’au moins 20 % au coût actuel de l’électricité d’origine, soit autant d’augmentation demandée au consommateur ensuite ».
Si l’usager apparaît comme le principal perdant de l’ouverture à la concurrence et des privatisations, les salariés du secteur risquent fort de ne pas être épargnés. « La Haute-Normandie, première région énergétique française avec ses 11 000 emplois dont 4 000 dans celui du raffinage qui couvre 36 % de la production nationale et troisième région en matière de production électrique (12% de la production nationale – NDLR) grâce à ses deux centrales de Paluel et Penly », est dans la ligne de mire, estime Daniel Paul qui craint inévitablement une saignée en matière d’emploi.
Rappelant le travail des élus communistes au Parlement, Daniel Paul plaide pour « le retour à la maîtrise publique complète » de la production énergétique pour assurer « l’approvisionnement et le maintien des tarifs régulés », ainsi que pour la création d’un pôle public de l’énergie et une production nucléaire « strictement publique ». Le parlementaire y voit un moyen de mettre fin à « la précarité énergétique dans les quartiers populaires » où on assiste à la multiplication des coupures de courant au sein des foyers qui n’ont plus les moyens de payer leur facture de gaz et d’électricité. C’est aussi, selon lui, la solution pour que le Grenelle de l’environnement, empli de belles déclarations d’intention, ait enfin « les moyens de ses ambitions ».