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13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 11:00

Compte-rendu du débat paru dans l'Humanité le 10 Avril 2012

 

 

Face-à-face

Quelles politiques pour développer la Seine-Maritime ?

 

Industrie, emploi des jeunes, services publics : deux élus confrontent les points de vue de sébastien jumel, 
candidat Front de gauche 
dans la 6e circonscription 
de seine-maritime et Michel Lejeune, 
candidat ump 
dans la 6e circonscription 
de seine-maritime

 

Sébastien Jumel, maire de Dieppe et vice-président PCF-Front de gauche du conseil général de la Seine-Maritime, a débattu vendredi dernier au théâtre de Neufchâtel-en-Bray (Seine-Maritime) avec Michel Lejeune, maire UMP de Forges-les-Eaux et député du département. Ils sont candidats tous les deux dans la nouvelle 6e circonscription de Seine-Maritime, la plus grande de France, regroupant 177 communes sur 10 cantons.

Votre circonscription est essentiellement rurale. 
Les problématiques y sont donc nombreuses, à commencer par celle de l’accès aux soins. Quel est votre regard sur cette question ?

Sébastien Jumel. La région Haute-Normandie est au 20e rang en termes d’accès aux soins pour ses habitants. Je reproche au gouvernement et à Michel Lejeune de n’avoir apporté aucune réponse pour corriger ce retard et les inégalités qui s’y développent. Il faut ouvrir le numerus clausus en médecine pour augmenter le nombre de médecins et les inciter par des aides à l’installation à venir en territoire rural. Le budget de la santé doit être augmenté en stoppant les exonérations de charges patronales, qui ne créent aucun emploi, ainsi que les nombreux cadeaux fiscaux aux plus riches : 70 milliards sous Nicolas Sarkozy. Il faut prendre l’argent là où il est, en taxant fortement les plus riches et les entreprises qui délocalisent.

Michel Lejeune. Je suis d’accord avec votre constat, mais pas sur les mesures à prendre. Quand on a plumé les riches, il ne reste plus rien après et vous risquez de faire fuir les capitaux. Et vous évoquez l’augmentation du numerus clausus qui ne peut, à lui seul, résoudre le problème, car cela aura des effets mais dans dix ans seulement. Je vous rappelle que c’est la gauche, en 1981, qui a baissé le numerus clausus de moitié. Et puis la situation ne va pas si mal. Ici, à Neufchâtel-en-Bray, en milieu rural, grâce à l’action du gouvernement, l’hôpital fonctionne vingt-quatre heures sur vingt-quatre. On sait que le premier problème de l’hôpital, en général, c’est son déficit et l’application des trente-cinq heures a fait beaucoup de mal.

Sébastien Jumel. Les trente-cinq heures n’ont aucune responsabilité dans les problèmes de l’hôpital. Plus globalement, je considère que l’aménagement du territoire est une prérogative de l’État. Or, celui-ci, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, a cassé les services publics. Des services comme la caisse d’allocations familiales, la Sécurité sociale, La Poste ont été éloignés des habitants. Des classes ont été fermées. Votre bilan, Michel Lejeune, c’est la dévitalisation du territoire.

Autre problématique ici concernant le territoire : les études 
supérieures quasi inexistantes. Comment y remédier ?

Sébastien Jumel. En dehors de Rouen, il n’y a pas beaucoup d’offres. Il faut donc développer des BTS, des IUT, des licences professionnelles qui répondent à une demande des professionnels qu’il faut associer. Il faut de toute urgence rattraper le retard en milieu rural pour que les jeunes s’y installent durablement.

Michel Lejeune. On ne peut pas avoir une offre sur tous les territoires. Moi-même, quand j’étais jeune, j’ai dû quitter mon territoire pour faire mes études de vétérinaire.

La Haute-Normandie a connu ces dernières années une forte désindustrialisation. Que proposez-vous pour inverser la tendance ?

Michel Lejeune. Je vous rappelle qu’on a connu trois crises économiques successives depuis 2008. Pour lutter contre la désindustrialisation, il faut lutter contre les délocalisations. Pour cela, la seule solution est d’avoir des prix compétitifs. Il faut absolument baisser le coût du travail et réduire notre dette, en limitant le nombre de fonctionnaires. Et puis, il faut que les entreprises continuent d’investir dans la recherche, grâce au crédit d’impôt mis en place par le gouvernement.

Sébastien Jumel. Les salaires sont, dans le pays de Bray, plus bas que dans la région rouennaise, à seulement trente minutes en voiture. Or, pour vous, le salaire est un problème, alors que pour nous, au Front de gauche, il est la solution. C’est la revalorisation des salaires qui est la condition de la relance du pouvoir d’achat et de la consommation et qui permettra ainsi aux industries de résister. Il faut prendre des sanctions contre les entreprises qui délocalisent pour augmenter leurs profits. Quant aux aides et aux crédits, ils devront être versés aux entreprises en fonction de leurs engagements sociaux et environnementaux.

Le chômage et la précarité touchent en particulier les jeunes. 
Quelles mesures faut-il prendre 
pour favoriser leur embauche ?

Sébastien Jumel. Les jeunes ne veulent pas de petits boulots, mais d’abord une vraie formation débouchant sur un vrai emploi, avec un salaire convenable. Les jeunes ont aujourd’hui conscience de vivre plus mal que la génération précédente.

Michel Lejeune. C’est pour cela que Nicolas Sarkozy veut accroître la formation en alternance pour permettre à des jeunes d’être plus tôt sur le marché de l’emploi et d’être mieux formés.

Sébastien Jumel. En 2011, il n’y a eu que 13 % de contrats d’apprentissage, c’est la preuve que ça ne marche pas. Au contraire, il faut développer l’enseignement professionnel et technique au sein de l’Éducation nationale. Concernant l’emploi, la priorité des PME est l’accès au crédit, aujourd’hui rendu très difficile par les banques. Il faut donc créer un pôle public bancaire qui prêtera de l’argent aux PME avec un taux variant en fonction de la priorité établie en faveur de l’emploi des jeunes, de leur formation.

Michel Lejeune. Il faut surtout que Pôle emploi soit plus efficace, que chaque demandeur d’emploi ait une formation qui débouche sur un emploi. Arrêtez de créer des problèmes aux entreprises, car c’est cela qui les fait partir !

Sébastien Jumel. Vous leur avez offert des cadeaux fiscaux, le bouclier fiscal aux plus aisés de leurs dirigeants et pour autant y a-t-il eu moins de délocalisations ?

Michel Lejeune. Le bouclier fiscal avait pour but de faire revenir les capitaux partis à l’étranger et d’éviter que de nouveaux s’en aillent. Et dois-je vous rappeler que c’est la gauche, avec Rocard, qui l’a mis en place ? Quant au pouvoir d’achat, je vous rappelle que l’Insee a établi qu’il avait augmenté sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Ce sont les chiffres et vous n’y pouvez rien. Alors bien sûr, des prix comme ceux de l’essence à la pompe augmentent, mais nous n’y pouvons rien, puisque le prix du baril augmente. Pour le moment, il faut faire avec.

Sébastien Jumel. J’ai récemment eu entre les mains le contrat de travail d’un jeune travaillant à temps partiel en «horaires modulables» : voilà, en résumé, tout le projet de société que propose la droite !

 

                                                            Propos recueillis par Frédéric Seaux

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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 14:43

Article paru dans l'Humanité le 8 Mars 2012

Europe, droits des salariés et fiscalité
à l’honneur à Rouen

 

Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent et Martine Billard ont abordé des thèmes centraux de la campagne du Front de gauche, mardi.

 

Correspondance.

Jean-Luc Mélenchon a développé deux autres grands thèmes mardi soir à Rouen : la lutte contre l’extrême droite et la taxation des grosses fortunes, idée d’ailleurs vilipendée par le FN comme par l’ensemble des partis de droite, le candidat du Front de gauche parlant même à ce propos de « programme de convergence » entre toutes ces composantes. « Mais je félicite François Hollande d’avoir proposé de taxer à 75 % ceux qui gagnent un million d’euros par an. C’est un bon début mais nous, nous sommes partisans d’un revenu maximum. Un impôt doit être progressif, c’est pourquoi nous proposons quatorze tranches, car la progressivité doit être lissée. Ce qui n’est pas normal, c’est quand vous mettez peu de tranches. C’est comme ça que la droite a descendu le taux d’impôt supérieur à 41 % sur la dernière tranche », a-t-il expliqué, poursuivant son allocution en mettant en garde sur le caractère incomplet du programme socialiste. « Ils vont monter jusqu’à 45 %, et puis d’un seul coup le taux de prélèvement va passer à 75 % pour la dernière tranche. Mais il n’y a aucun système fiscal au monde où il y a une telle marche. Donc, il faut arranger ça. Mais ne vous souciez de rien, tout est prévu dans le programme du Front de gauche. Et comment nous allons faire avec ceux qui vont partir ? Nous allons les pourchasser, on exigera auprès des pays dans lesquels il y a ces comptes bancaires de nous donner la liste de nos ressortissants ainsi que les montants. Et ça, la législation votée à Bruxelles le permet. »

Au tout début de la soirée, il était revenu à Martine Billard, députée, coprésidente du Front de gauche, de se lancer sur scène devant une salle très réceptive à ses propos quand elle a évoqué la judiciarisation des plans sociaux (voir notre édition de lundi). « Un grain de sable vient de s’insinuer dans trois entreprises, Viveo, Ethicon et Sodimédical, où les salariés refusent les plans sociaux, invalidés d’ailleurs par la justice. La Cour de cassation doit dire que ces plans sociaux sont nuls et non avenus et que les salariés doivent être maintenus dans l’emploi. Le problème de l’emploi industriel en France, ce n’est pas le contrat de travail, mais le coût des dividendes. »

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et coprésident du conseil de campagne du Front de gauche, a ensuite insisté sur la question européenne et l’opposition à mener contre les deux traités européens que Sarkozy et Merkel veulent faire passer avant l’élection, au nom de l’austérité. « Ces deux traités de gouvernance sur la politique économique et monétaire ont pour but d’interdire les déficits publics et d’imposer des sanctions automatiques aux Parlements nationaux, alors muselés, qui ne les respecteraient pas. Sarkozy n’a pourtant jamais dit un mot pour expliquer aux Français de quoi il s’agissait. Il vient de faire voter par le Parlement le respect des mécanismes européens, et pas question pour lui de demander l’avis aux Français. Quand nous aurons chassé Sarkozy, il faudra imposer que la France se dégage de ces mécanismes. » Pierre Laurent a rappelé que le Parti socialiste ne s’était guère honoré sur cette question au Parlement français : « Seuls vingt parlementaires socialistes se sont opposés avec ceux du Front de gauche à ces mécanismes européens, refusant ainsi les injonctions du candidat Hollande. Le Sénat, à gauche, pouvait bloquer la procédure, mais il ne l’a pas fait. » Pour le Front de gauche, le président élu en mai devra soumettre ces traités au référendum.

Frédéric Seaux

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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 14:34

Article paru dans L'Humanité le 8 Mars 2012

 

À Elbeuf, le Front de gauche séduit
au-delà des électeurs communistes

 

Le meeting avec Jean-Luc Mélenchon, mardi, a donné du baume au cœur aux militants communistes, mais il a ravi aussi des électeurs socialistes ainsi que des citoyens non encartés.

 

Correspondance.

 

Les militants communistes d’Elbeuf comptent près de deux cents militants. Et mardi soir, c’est plus de la moitié de la section qui s’est déplacée pour assister au meeting du Front de gauche, afin d’écouter et de soutenir Jean-Luc Mélenchon. Alors, évidemment, pendant et à la sortie du meeting, c’est l’euphorie qui règne. « C’est un meeting extraordinaire, historique », affirme, enthousiaste, Jean-Pierre Buttard, soixante-six ans et militant communiste depuis plus de quarante ans. Des meetings, Jean-Pierre en a fait un paquet en autant d’années de militantisme. Mais, pour lui, c’est certainement un des plus grands. Il retient surtout la densité et la qualité du programme du Front de gauche. « Les principaux thèmes retenus ce soir (fiscalité et lutte contre l’extrême droite – NDLR) par Jean-Luc Mélenchon sont essentiels. L’extrême droite n’est rien d’autre que la prolongation de la droite et sa complice », affirme-t-il, entouré par de nombreux militants enthousiastes de mener la campagne pour le Front de gauche. Robert Hazet, le secrétaire de cette section, voit dans ce meeting « un encouragement pour les militants à poursuivre davantage la campagne ».

« Cela fait du bien », lance Jean-François, un militant socialiste de l’agglomération d’Elbeuf, qui ne veut pas en dire plus sur son identité. « Je suis séduit par Mélenchon, par l’homme et son discours. Je suis prêt à voter pour lui au premier tour, surtout si je vois que Hollande est sûr d’y être. » Les communistes d’Elbeuf avaient aussi invité des curieux, éloignés de tout militantisme comme Martial. « C’était ce soir mon premier meeting », avoue-t-il. L’homme qui se revendique à gauche n’est pas allé au récent meeting de Hollande à Rouen. En revanche, pour rien au monde il n’aurait manqué celui du Front de gauche. « Il n’oublie personne, il est moins timoré qu’Hollande. Ce meeting, c’est pour moi la cerise sur le gâteau », explique Martial, qui n’a jamais été encarté ni dans un parti ni dans un syndicat. « Mais ce soir, j’ai envie de prendre part à la campagne et de rejoindre la section communiste d’Elbeuf. »

Frédéric Seaux

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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 14:27

 

Article paru dans l'Humanité, le 27 Février 2012

 

Chez Petroplus, le grand barnum de Sarkozy

 

Invité en qualité de candidat de l’UMP, le président a délivré des annonces déjà connues des salariés.

 

Rouen (Seine-Maritime), correspondance.

 

 Décidée seulement la veille au soir et officialisée le matin même à 9 heures, la venue de Nicolas Sarkozy vendredi midi sur le site de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne (Haute-Normandie), à l’arrêt depuis début janvier, avait été demandée par l’intersyndicale. « Au même titre que tous les autres candidats à l’exception de Le Pen, précise Yvon Scornet, porte-parole et élu CGT, puisque désormais le président est candidat à sa réélection ». Et la visite de Nicolas Sarkozy a eu finalement tout l’air d’une visite médiatique et électoraliste savamment orchestrée par l’Élysée, au mépris de la démocratie et des ouvriers de la raffinerie du site, menacés de licenciement après le redressement judiciaire consécutif à l’annonce du groupe suisse Petroplus de la prochaine mise en faillite du site racheté à Shell en 2008. Mépris de la démocratie car ce n’est pas le candidat qui s’est officiellement déplacé vendredi midi, mais le président de la République, aux frais du contribuable donc, et sans que sa conférence de presse tenue ensuite devant de nombreux journalistes ne soit finalement comptabilisée dans son temps de parole de candidat à l’élection présidentielle.

Mépris pour les ouvriers du site aussi qui méritaient mieux que cette mise en scène. Ils espéraient au moins plus de respect de sa part vis-à-vis de leur situation. Raté ! Le président s’est livré à un exercice visant à annoncer une avancée dans la situation de la raffinerie, pourtant déjà connue des salariés depuis une semaine. Le président s’est donc lancé dans un grand numéro d’autosatisfaction en annonçant que le pétrolier Shell avait signé « hier soir dans la nuit » un contrat de processing pour une durée de six mois, reconnaissant quand même que « ce contrat ne résout pas tout ». Un contrat déjà commenté mardi dernier par Jean-Luc Brouté, secrétaire CGT du site, sans mâcher ses mots : « Shell nous a foutu dans la merde, c’est donc le minimum que ce pétrolier puisse faire ! »

Sarkozy a ensuite poursuivi par un mensonge en annonçant que les 50 millions nécessaires à la réalisation de travaux nécessaires au redémarrage du site avaient été versés et que par conséquent « les travaux peuvent commencer ». « Sauf que, rappelle pour sa part Yvon Scornet, pour l’instant seuls les 20 millions de l’État ont été versés et on attend prochainement les 10 millions de Shell. » Il manque encore donc 20 autres millions pour financer l’intégralité des travaux. Enfin Nicolas Sarkozy n’a certes pas démenti que « trois ou quatre repreneurs sont intéressés par la reprise de la raffinerie », mais il n’a pas tenu à rassurer davantage les salariés, en n’avançant aucun nom, ni en donnant sa préférence pour l’un d’entre d’eux, un pétrolier plutôt qu’un financier. Rien de neuf sous le soleil donc pour les salariés qui savent surtout que la date butoir du 15 mars pour le dépôt des dossiers de reprise arrive à grands pas. Une visite pour rien, donc. En tout cas, pas au profit des salariés !

 

                                                                                                    Frédéric SEAUX

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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 13:18

Article paru dans l'Humanité, le 6 Mars 2012

 

"Portrait de la France populaire"

Elbeuf a perdu ses cheminées mais pas sa dignité

 

Terre ouvrière, Elbeuf, toute proche de Rouen, est une ville dans laquelle la pauvreté gagne du terrain. Il y a quatre ans, les communistes ont décidé de partir à la reconquête des milieux populaires, mesurant l’étendue du travail militant qu’il faut accomplir auprès de populations qui luttent pour survivre et se sentent abandonnées.

 

Elbeuf (Seine-Maritime), envoyé spécial. 

 

Longtemps surnommée « la Ville aux cent cheminées », Elbeuf-sur-Seine, en Seine-Maritime, ancienne cité textile, n’est plus aujourd’hui que l’ombre d’elle-même. La désindustrialisation bat son plein depuis plusieurs décennies. Le principal employeur se nomme Renault, installé à Cléon, commune voisine. Et encore, la marque au losange a perdu de sa superbe, ne comptant aujourd’hui que 4 000 salariés contre 10 000 il y a vingt ans. Résultat, Elbeuf perd des habitants et se paupérise. Dans leur enquête sur « la pauvreté ouvrière à Elbeuf », deux sociologues, Jean-François Laé et Numa Murard, évoquent une population majoritairement ouvrière. 76 % des habitants sont locataires, pour un tiers d’entre eux dans des logements sociaux qui vieillissent mal. Une paupérisation que les militants et la vingtaine d’élus communistes de cette agglomération toute proche de Rouen ressentent jusque dans leur rang. Ce qui fait dire à Robert Hazet, secrétaire de la section du PCF, que « la section PCF d’Elbeuf est le reflet de la population elbeuvienne. Les militants appartiennent pour la plupart aux milieux très modestes. Les chômeurs représentent près de 10 % du nombre d’adhérents ».

La présence sur le terrain est aujourd’hui une composante essentielle du travail des communistes. « La chute du mur et ses conséquences sur l’électorat populaire qui votait communiste, le vieillissement des militants et la mainmise politique de Fabius et des élus, tous jeunes, qui lui sont proches sur l’agglomération avaient fini par avoir raison de notre action militante, qui par le passé était dynamique. La section était tombée à une trentaine de militants. Elle en compte aujourd’hui environ cent cinquante », raconte Robert Hazet. « On a d’abord mis en place une rencontre hebdomadaire le mercredi à la maison des communistes à Elbeuf pour parler politique, lire l’Huma et décider d’actions sur le terrain. Ces réunions sont ouvertes à tous, sans obligation d’adhésion. Cela arrive assez souvent que des gens invités par des militants passent pour discuter, et parfois finissent par militer », poursuit-il. Depuis quatre ans, cette section communiste ne ménage pas sa peine. Outre les traditionnels tracts et affiches distribués et collés chaque semaine, les militants organisent des conférences et multiplient les actions d’envergure, allant de la simple manifestation contre la TVA sociale jusqu’à la mise en place d’un bureau d’embauche en direction de l’usine Renault (l’Humanité, le 4 avril 2011). La population, qui il y a quatre ans jetait ou ignorait souvent les tracts, « vient maintenant les chercher », confie Christophe, militant de trente-cinq ans, au chômage. Il faut dire aussi que le PCF est le seul à gauche à occuper le terrain, le Parti socialiste l’ayant abandonné depuis longtemps, ne comptant que sur la seule attractivité de ses élus, Laurent Fabius en tête, ex-premier ministre et député de la circonscription, mais aussi l’influent Guillaume Bachelay, conseiller régional, élu à Cléon, secrétaire national à l’industrie au sein du PS et surtout porte-plume du projet présidentiel socialiste.

Tous le reconnaissent ici, dans ce terreau de terre ouvrière, l’élection présidentielle qui arrive est un enjeu pour toute la gauche. Elle l’est plus encore pour le Front de gauche où un score à deux chiffres de Jean-Luc Mélenchon n’est pas seulement espéré, mais très attendu. Même chez ceux, comme Frédéric, éducateur de rue, qui constatent aussi qu’ils entendent souvent parler aussi d’un vote « en faveur du Front national ». Un Front national qui à Elbeuf et dans l’agglomération n’atteint pas les chiffres élevés des banlieues des grandes villes : 11,5 % et 4,5 % des voix respectivement lors de la présidentielle et des législatives de 2007.

Les militants le reconnaissent, pour beaucoup, l’échéance est encore lointaine. Mais s’il existe du désintérêt, les milieux populaires ont tous le point commun d’avoir vu leur quotidien s’aggraver ces cinq dernières années sous l’ère Sarkozy. C’est le cas de Martine. « J’ai cinquante-huit ans, tous mes trimestres, et à cause du recul de l’âge du départ à la retraite, je dois attendre plus de trois ans pour la prendre. Or je suis en invalidité à 50 % et je ne peux plus travailler. Je touche une allocation de misère. Franchement, si Sarkozy repasse, ce sera terrible car il va encore plus attaquer les basses classes. » Pour Patrick, militant communiste au chômage qui perçoit l’allocation de solidarité, « la création de la TVA sociale est une attaque de plus contre les précaires ». Les jeunes aussi sont très remontés contre Sarkozy. Ainsi Ibrahim et Wilfried, la petite vingtaine d’années. Le premier est étudiant, le second a arrêté ses études pour travailler afin de se payer le permis de conduire nécessaire à la poursuite de ses études ! La situation est si ubuesque que Wilfried, quoique dépité, préfère en sourire. Les deux jeunes garçons savent ce que sont les mois difficiles. Pour eux, c’est douze mois sur douze. Cela ne les empêche pas de se mobiliser, avec l’association qu’ils ont créée, Impulsion urbaine, pour aider les jeunes des quartiers dans lesquels ils résident à prendre pied dans la société. « Sarkozy a donné une image sinistre de la jeunesse des quartiers en voulant la nettoyer au Karcher. Et quand il parle d’identité nationale, c’est évident que ce sont d’abord les jeunes d’origine étrangère de ces cités qui sont visés. Avec cette mauvaise image, ce n’est pas un hasard si nous sommes les plus touchés par le chômage. Pourtant, dans ces quartiers, il y a des talents et beaucoup de diplômés », explique posément Ibrahim, étudiant en première année de psychologie.

« Et la présidentielle ? » leur demande-t-on. Long soupir. Et du désintérêt. « Pour quoi faire ? Tout ça, ce sont des promesses », lance Wilfried qui parle de « corruption » quand il évoque, sans distinction, les élus politiques. « Le Pen ou un autre, c’est pareil », ose-t-il. Ibrahim dit aussi ne porter aucun intérêt à la présidentielle. Contrairement à Wilfried qui ira voter certainement blanc, Ibrahim, lui, ne fera pas le déplacement jusqu’aux urnes. « Je voterai le jour où l’humain sera au cœur des préoccupations des candidats », essaie-t-il pourtant. Et quand on lui dit que « l’humain d’abord » est justement au cœur du programme du Front de gauche, Ibrahim semble agréablement surpris. Pas sûr pour autant qu’il aille jusqu’à glisser le bulletin Mélenchon.

Du côté de militants syndicaux, les élections qui s’annoncent suscitent un peu plus d’intérêt. Et encore beaucoup de méfiance. Au dire des plus anciens, la jeune génération serait plus facilement prête à s’engager dans le combat syndical que politique, convaincue par son plus fort impact sur les conditions d’existence ponctuelles des salariés. Benjamin Duhaussé est de ceux-là. À trente-quatre ans, ce salarié qui touche 1 140 euros par mois a rejoint la CGT après avoir été, comme il dit, « pris pour un con » par sa direction. « Je ne suis pas du tout politisé et je me demande à quoi ça sert de voter », lance-t-il. Le militant cégétiste n’a aucun atome crochu avec le PS et avec Hollande qu’il trouve « trop mou ». Benjamin a le sentiment que ni lui ni ses parents, « qui ne mangeaient pas tous les soirs », n’ont été aidés un jour par des politiques. Aujourd’hui père de famille, le jeune homme a encore du mal à parler de cette époque. Le regard se perd très loin, il devient humide et la rancune est tenace. Il avoue du bout des lèvres que c’est de Mélenchon qu’il se sent « le plus proche ». Mais « je ne suis pas d’accord sur tout », précise-t-il. L’homme est hésitant à en dire plus. Toujours cette méfiance à l’égard de la gauche qui l’a toujours déçu. À quelques semaines de la présidentielle, le militant, qui dénonce les pressions quotidiennes du patronat et du pouvoir pour faire taire le monde du travail, ne sait toujours pas vraiment pour qui voter. Ce soir, pourtant, il fera le déplacement jusqu’à Rouen, pour participer au meeting de Jean-Luc Mélenchon au parc des expositions.

La reconquête du vote populaire est donc en marche à Elbeuf, où Jaurès vint tenir une conférence au cirque théâtre il y a cent ans. C’est la lourde tâche que s’est donnée le Front de gauche, le Parti socialiste étant lui intimement convaincu de ne jamais l’avoir perdu.

 

Frédéric Seaux

 

REPERES :

28,2 %

C’est le pourcentage de chômeurs que compte 
la ville d’Elbeuf. La population y est décroissante 
et sous-qualifiée. Moins de 20 % des adultes 
ont le bac. Le principal employeur est l’usine Renault. L’annonce, il y a un an, par le groupe, de l’embauche 
de 4 700 salariés sur l’ensemble de ses sites 
n’a pas eu des répercussions à Cléon qui a multiplié 
les contrats d’intérim et les CDD.

3 000

C’est le nombre de bénéficiaires du RSA (revenu 
de solidarité active) dans l’agglomération d’Elbeuf 
qui compte 60 000 habitants, soit 5 % de la population 
totale. 30 % des allocataires de la CAF de l’agglomération ont un revenu inférieur au seuil de bas revenu. 
Et pour 25 % des allocataires, cette « banque sociale » représente plus de 50 % de leurs ressources.

15 %

C’est le pourcentage de perte de population enregistrée par la ville d’Elbeuf depuis 1970. 
La ville comptait 20 000 habitants au début des années 1970. Elle n’en compte plus que 17 000 aujourd’hui.

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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 20:21

 

Articles parus dans l'Humanité le mardi 29 novembre 2011

 

fête de l'huma normandie 2011

 

fete-de-l-huma-normandie-bis.jpg

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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 13:48

Article paru dans le Journal d'Elbeuf, le 29 mars 2011

 

 

Elections cantonales 2011

Canton de Pont-de-l’Arche

 

Gaëtan Levitre l’emporte facilement au second tour

 

Sans surprise le candidat communiste Gaëtan Levitre a été réélu très facilement Conseiller général lors du second tour des élections cantonales du canton de Pont-de-l’Arche avec 66,2% des suffrages exprimés.

 

(photo : Gaëtan Levitre, au côté de sa suppléante Isabelle Viguerard Pouppeville, se félicite d'avoir battu largement la droite)

 

cantonales 6Pas de miracle dimanche soir pour René Dufour, le candidat Nouveau Centre soutenu par l’UMP et l’opposition départementale, à l’occasion du second tour des élections cantonales dans le canton de Pont-de-l’Arche. En effet, Gaëtan Levitre, le conseiller général communiste sortant, l’a emporté aisément avec 66,2% des suffrages exprimés contre 33,8 % à son adversaire, globalement « déçu » par son score, car il espérait « atteindre les 40% (en réalité René Dufour avait fait 38,57% des suffrages-NDLR) comme en 2004 », a-t-il commenté à l’annonce des résultats. 782 voix ont ainsi manqué à l’appel pour le candidat de droite par rapport au second tour des cantonales de 2004, alors même qu’il est parvenu tout de même à améliorer son score par rapport au premier tour des cantonales avec 516 voix de plus. Faut-il y voir, en partie, un report des voix du Front national qui n’avait pas donné de consigne de vote ? A moins que certains électeurs écologistes et surtout socialistes de Pont-de-l’Arche aient décidé d’empêcher, comme ils le pouvaient,  la reconduction de Gaëtan Levitre au Conseil général… C’est en effet la question que l’on peut se poser puisque ce dernier n’a pas bénéficié de la totalité, loin s’en faut, du report des voix socialistes et écologistes dans cette ville. Il a manqué, en effet, 175 voix au candidat communiste. Les partisans de Richard Jacquet auraient-ils mal digéré la défaite de leur poulain dès le premier tour, au point de vouloir le faire payer au candidat communiste ?

Mais Gaëtan Levitre, pouvant compter sur 1000 voix d’avance sur René Dufour, n’aura pas eu besoin d’un front de gauche élargi pour gagner. Avec 3204 voix, soit 1077 voix de plus par rapport au premier tour, Gaëtan Levitre s’est offert une réélection dans un fauteuil, menant d’ailleurs très peu campagne lors du second tour. A noter tout de même que par rapport à 2004, le conseiller général communiste a perdu 681 voix. La faute à l’abstention qui fut encore très forte dimanche, puisque le taux de participation n’a atteint que 49,06% des inscrits, soit près de 1% de moins qu’au premier tour.

Frédéric SEAUX

 

 

Réaction des candidats

 

René Dufour (UMP-NC)

Je suis déçu car je pensais atteindre au moins mon score de 2004. Je note aussi encore une forte abstention que je trouve catastrophique. Je ne me faisais guère d’illusion à l’occasion de ce second tour, puisque j’avais 1000 voix de retard sur Gaëtan Levitre. J’ai néanmoins une satisfaction, celle d’être arrivé largement en tête aux Damps, où je suis maire.

 

Gaëtan Levitre (PCF)

Ce soir la droite a été lourdement sanctionnée dans le canton. Les électeurs ont récompensé mon travail de conseiller général de terrain et ont été d’accord avec mes propositions. Je suis très satisfait puisque dans certaines communes, comme à Alizay où je suis maire et où j’obtiens 90% des voix, je réalise un excellent score.

 

 

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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 13:27

Article paru dans le Journal d'Elbeuf le 22 mars 2011

 

Elections cantonales.

Canton de Pont-de-l’Arche (Eure)

  

Gaëtan Levitre, très loin devant au premier tour

 

Conseiller général sortant, Gaëtan Levitre est arrivé en tête avec près de 40% des suffrages exprimés. Il affrontera au deuxième tour René Dufour, le candidat Nouveau Centre, arrivé loin derrière avec 21,07% des voix. Grand perdant de la soirée, Richard Jacquet, le maire socialiste de Pont-de-l’Arche.

 

 

Gaëtan Levitre, conseiller général communiste sortant, est arrivé, dimanche soir, largement en tête au premier tour de l’élection cantonale dans le canton de Pont-de-l’Arche avec près 39,98% des suffrages exprimés, soit 2127 voix (contre 1768 en 2004) atteignant même 80 % des voix à Alizay, commune dont il est maire.  Pendant quelques minutes, des rumeurs ont même circulé dans la salle de fête de Pont-de-l’Arche, lieu de centralisation des résultats, annonçant que Gaëtan Levitre allait être élu au premier tour. Finalement il affrontera, au second tour dimanche prochain, René Dufour, le candidat Nouveau centre et maire des Damps, qui a totalisé un score de 21,07 % des suffrages exprimés. Exit donc Richard Jacquet, maire socialiste de Pont-de-l’Arche qui attendait beaucoup de cette élection. Avec seulement 18,31 % des suffrages, le candidat du PS, qui n’est arrivé en tête dans sa ville qu’avec vingt voix d’avance sur Gaëtan Levitre, est peut-être le grand perdant de la soirée. D’ailleurs dimanche soir, il ne cachait pas sa déception. « Assez content de la campagne qu’[il a ] faite », Richard Jacquet a reconnu en filigrane qu’elle n’avait pas suffi à battre l’élu communiste, « un mammouth quasi indéboulonnable bien soutenu par un ancien maire de la ville déçu et aujourd’hui dans l’opposition (Dominique Jachimiak-NDLR) ». « Gaëtan Levitre est élu depuis trente ans dans le canton, alors que moi, je ne suis maire que depuis trois ans. Les habitants de Pont-de-l’Arche ne se rendent pas encore compte des réalisations » a-t-il analysé à chaud.

A gauche toujours, la candidate Europe Ecologie-Les Verts et maire de Tostes, Maryannick Deshayes, ne totalise que 7,5% des suffrages exprimés. Une déception pour cette élue qui fixe désormais son prochain rendez-vous en 2014, à l’occasion de l’élection des conseillers territoriaux. D’ici là, elle espère bien discuter avec le PS qui n’a pas digéré sa candidature. A droite, René Dufour est donc au deuxième tour. Mais dimanche soir, le maire des Damps paraissait dépité à l’annonce des résultats. N’ayant pas, comme tous les autres candidats, à l’exception de Gaëtan Levitre, atteint la barre fatidique des 12,5% des électeurs inscrits permettant d’accéder au deuxième tour, le candidat Nouveau centre, soutenu par l’UMP, a eu ses mots qui en disait long sur son espoir de gagner dimanche prochain : « Je suis au deuxième tour, car il en faut bien un ». Loi électorale oblige en effet, René Dufour, ayant obtenu le meilleur score de tous les recalés, sera opposé au conseiller général communiste sortant. Mais cela n’a pas l’air de l’emballer. Il faut dire qu’il ne dispose pas ou peu de réserve de voix, hormis chez les abstentionnistes, puisque seulement un électeur su deux est allé voter dimanche (49,93% de participation).

Le Front national enfin ne réussit pas la percée que l’on pouvait attendre. Surfant sur la « vague marine » (en référence à Marine le Pen, nouvelle présidente du parti frontiste), Didier Ménager n’est parvenu qu’à limiter les dégâts en obtenant 699 voix, soit seulement 13,14% des suffrages exprimés (et seulement 6,56 % des inscrits), contre 809 voix en 2004. D’ailleurs le candidat frontiste, présent lors du dépouillement à la salle des fêtes de Pont-de-l’Arche,  mais certainement déçu par son score dans cette ville (156 voix contre 168 en 2004), a quitté les lieux avant même la proclamation des résultats définitifs, oubliant ainsi de faire part de sa réaction au Journal d’Elbeuf. Pas très sportif.

                                                                                                                        Frédéric SEAUX

 

 

 

 

Réactions

 

Gaëtan Levitre (Gauche combative. Parti communiste)

 

Ce soir, ce très bon résultat est surtout celui d’une reconnaissance de la part des électeurs de mon travail de conseiller général. Je suis un élu de terrain et les électeurs le savent. Ce sont des centaines de portes qui se sont ouvertes à moi pendant la campagne. Je remercie les électeurs et je les appelle à retourner nombreux dimanche prochain à l’occasion du second tour pour renouveler mon mandat de conseiller général. Je remercie Richard Jacquet et Maryannick Deshayes qui ont appelé à voter pour moi. Qu’ils soient assurés que je tiendrai compte au conseil général de leurs revendications. En disant cela, je pense notamment à la question des transports publics dans notre canton.

 

 

René Dufour (Nouveau Centre soutenu par l’UMP)

 

Je suis satisfait car je vais au 2e tour, même si en réalité je n’obtiens pas les 12,5% des votes des inscrits puisque seul seul Gaëtan Levitre les obtient. Je suis d’ailleurs surpris par son résultat. Je vais tenter de mobiliser pour ce second tour. Je ne lance aucun appel aux électeurs du Front national et aucune négociation n’est pour l’instant prévue avec le candidat FN.

 

Maryannick Deshayes (Europe Ecologie-Les Verts)

 

C’est une légère déception puisque je n’atteints pas la barre des 10% espérés. Mais il n’y avait pas de candidat écologiste en 2004, donc c’est un bon début. Je remercie tous les électeurs qui m’ont fait confiance. Et comme je suis à gauche, je les appelle à voter dimanche prochain pour Gaëtan Levitre.

 

Richard Jacquet (Parti socialiste)

 

Je suis déçu de ne pas pouvoir défendre mon projet au second tour. Mais je suis satisfait d’être arrivé en tête à Pont-de-l’Arche où la gauche totalise 70 % des suffrages. Je regrette seulement qu’il y ait une candidature écologiste en la personne de Maryannick Deshayes à qui j’avais proposé d’être ma suppléante. Car avec les voix qu’elle a obtenues, j’aurais été présent au second tour. J’appelle évidemment mes électeurs à voter pour Gaëtan Levitre dimanche prochain.

 

Bruno Ménager (Front national)

Le candidat n’a pas donné suite à notre demande d’interview.

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 21:10

 

Articles parus dans l'Humanité le 15 mars 2011

 

Par Frédéric SEAUX

 

Cantonales. Seine-Maritime : une gauche ouverte et combative

Dimanche, le parti communiste et ses alliés de la gauche combative présenteront trente-deux candidats en Seine-Maritime. Trois des huit cantons détenus par un conseiller général communiste sont, a cette occasion, renouvelables.

 

« Renforcer la gauche combative » au sein du Conseil général de Seine-Maritime. Tel est l’enjeu des élections cantonales des 20 et 27 mars prochains en Seine-Maritime pour le parti communiste associé fortement à la société civile, à la Gauche unitaire et à République et Socialisme,  mais sans la participation du Parti de Gauche, faute d’accords satisfaisants, et qui finalement ne présentera pas de candidats. « Face à une droite gouvernementale très dure, le Conseil général de Seine-Maritime a besoin d’élus communistes qui ne soient pas seulement de bons gestionnaires. Nos huit élus sortants (sur soixante neuf conseillers généraux-NDLR), dont trois sont élus dans un canton renouvelable dimanche sont donc des élus de terrain aux côtés des salariés en souffrance », confie Céline Brulin, secrétaire fédérale du PCF dans le département.

Des trois cantons renouvelables qui comptent un conseiller communiste, celui du Havre 9 (canton de Caucriauville, Rouelles) retient l’attention. Lors des deux dernières élections cantonales, le communiste Michel Barrier ne l’avait emporté qu’avec quelques voix d’avance, face à un PS faisant l’essentiel de ses voix à Rouelles, municipalité socialiste. Mais aujourd’hui, la donne a changé. Le nouveau maire divers gauche, Christophe Argentin, a apporté son soutien à Daniel Paul, au Havre, lors des dernières municipales et législatives. Quant à la suppléante de Michel Barrier, Valérie Auzou, elle n’est autre que la première adjointe de ce maire « frondeur ». Une victoire plus large du candidat communiste est donc vraiment possible.

Au siège de la fédération de Seine-Maritime du Parti communiste, on est aussi plein d’espoir, avec l’œil rivé notamment sur le Canton du Havre 3 détenu par un socialiste « inexistant », précise Céline Brulin, et où Nadine Lahoussaine, se verrait bien l’emporter. Dieppe Est où Jacky Hénin aux Européennes et la liste « gauche combative » des dernières régionales, emmenée par Sébastien Jumel, maire de Dieppe, étaient arrivés en tête, est aussi un canton surveillé et vraiment espéré. A Lillebonne, si la situation paraît complexe puisque s’y affrontent l’actuel et l’ancien maire de Lillebonne, respectivement PS et PRG, la candidate communiste Marie-Odile Lecourtois, suppléante du député Jean- Paul Lecoq, appel au « rassemblement en dépassant les querelles d’ego ».

Frédéric SEAUX

 

 

 

 

Encadré

Le Parti communiste de Seine-Maritime a attribué une large place aux autres composantes de la gauche combative, n’hésitant pas, notamment, à confier à Christine Moreau, de République et Socialisme, le soin de mener la bataille dans le canton de Tôtes. Les jeunes candidats ainsi que des membres de la société civile sont aussi bien représentés, en particulier, avec la présence de candidats syndicalistes. 

Frédéric SEAUX

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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 20:07

 

Article paru dans l'Humanité le 15 février 2011

 

Jean-Luc Mélenchon gagne son pari face à Marine Le Pen

 

 

Après le débat qui les a opposés, hier, sur BFM TV et RMC, ceux qui voulaient faire croire à deux faces d’un même 
« populisme » en sont pour leurs frais, les leaders du PG et du FN défendant des positions aux antipodes sur tous les sujets.

 

Neuf heures trente, hier, Jean-Luc Mélenchon sort du studio le poing levé. Il sait qu’il vient de réussir le pari de sa confrontation avec Marine Le Pen, retransmis simultanément et en direct sur BFM TV et RMC. « Je l’ai envoyée au tapis, veut-il croire. C’est tout ce qui compte. » Quoi qu’il en soit, le leader du Parti de gauche a saisi l’occasion de montrer que, décidément, tout les oppose. Ceux qui voulaient faire croire à deux faces d’un même « populisme » en seront pour leur frais, en cherchant vainement les convergences entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Si ce n’est la détermination affichée de part et d’autre à combattre son interlocuteur.

Durant une heure, le coprésident du Parti de gauche (PG) et candidat à l’investiture du Front de gauche à l’élection présidentielle a débattu avec, ou plutôt contre, celle qui a succédé à son père à la tête du Front national, répondant aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

 Travailleurs tous égaux ?

D’abord sur l’immigration, Marine Le Pen a repris les vieilles idées de son père en opposant travailleurs français et étrangers. Tout en faisant mine de s’en prendre aux patrons du CAC 40 qui organisent l’immigration illégale : « Avec vos amis du CAC 40, vous pesez sur la baisse du salaire des Français. » Jean-Luc Mélenchon évite le piège grossier et appelle à la régularisation des sans-papiers pour assurer l’égalité des droits et des salaires entre travailleurs français et étrangers. Hauts cris de Marine Le Pen qui, ensuite, le titille sur son appartenance à la gauche : « Les ouvriers ont parfaitement compris que M. Mélenchon était un rabatteur de voix pour Mme Aubry ou M. Strauss-Kahn. » En face, Jean-Luc Mélenchon ne bronche pas et fait un pronostic risqué à plusieurs titres : « Si DSK est candidat, je serai en tête au premier tour »…

Le Pen embraye alors sur l’expérience gouvernementale du candidat à la candidature ou sur ses positions en faveur du traité de Maastricht en 1992. Jean-Luc Mélenchon fait mine de s’étonner : « Mme Le Pen découvre que je suis de gauche ? Comme elle est intelligente ! » Puis il se revendique des acquis du programme commun de l’union de la gauche (retraite à 60 ans, réduction du temps de travail, abolition de la peine de mort…). Sa participation au gouvernement de la gauche plurielle ? « À l’époque, j’étais membre du PS. » Le traité de Maastricht ? Mélenchon défend la création d’une monnaie unique européenne, justifiée, à ses yeux, par le « besoin d’un smic européen ». Il contre-
attaque ensuite sur la prétention du FN à représenter les salariés : « La classe ouvrière organisée, les salariés (…), ils vomissent Mme Le Pen et le Front national. »

Le coprésident du PG prend également ses distances avec les positions anti-européennes du FN, le retour au franc que ce dernier préconise, en lui opposant son « internationalisme » et d’autres idées pour l’Europe. Le retour au franc, assure-t-il, c’est le « danger d’une dévaluation compétitive dans chaque pays. Il faut briser la compétition sociale » entre États en créant des « critères de convergence sociale » européens. En face, Marine Le Pen ne répond pas.

 Quelle «révolution fiscale» ?

Vient l’échange sur la prétendue « révolution fiscale » de la présidente du FN, qui propose que l’État prenne en charge deux cents euros de cotisations sociales sur les bas salaires… La droite le fait déjà, rétorque Jean-Luc Mélenchon, qui propose de « prendre dans la poche des puissances financières » pour augmenter les salaires plutôt que de les faire financer par les impôts.

Sébastien Crépel

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  • : Le blog de frederic seaux
  • : il s'agit d'un blog sur lequel paraissent certains de mes articles publiés dans le quotidien l'Humanité et les deux hebdomadaires, La Terre et l'Humanité Dimanche. J'utilise également ce blog comme moyen d'expression sur des sujets d'actualité que je ne traite pas directement à travers mes articles. Rendez-vous également sur le blog de la maison d'édition que j'ai créée : http://editionscogitoergosum.over-blog.com
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