Des chiffres significatifs d'un système économique
au service des puissants
84 : c'est en milliars d'euros, le résultat net des groupes du CAC 40 prévu en 2010. Soit +90% par rapport à 2009.
20 % : part des Français les plus riches qui chaque année gagnent au moins 42 290 euros.
20% : part des Français les plus pauvres gagnant moins de 11 080 euros par an.
Les salariés écrasés
0,73 : c'est en smic, ce que touchent en moyenne par mois 25% des salariés ( près de 8 millions de personnes), selon une étude de l'INSEE, soit moins de 950 euros par mois.
12,5 : c'est en millions le nombre de salariés gagnant moins de 16 000 euros par an.
17% : pourcentage de salariés au smic en 2010. Ils étaient 8% au début des années 1990
14 : c'est le nombre de centimes d'augmentation du SMIC prévu au 1er janvier. Soit 1 euro de plus par jour accordée généreusement aux salariés.
La jeunesse sacrifiée
1% : c'est le pourcentage des moins de 25 ans qui gagnent plus de 1,92 smic par mois.
50% : c'est le pourcentage des moins de 25 ans qui ont travaillé moins de 100 jours par an.
Une pauvreté de masse
7,8 : en millions, le nombre de personnes gagnant moins de 950 euros par mois.
773 : c'est en euros ce dont disposent par mois 4 millions de personnes pauvres.
48 % : c'est le pourcentage de la population qui ne peut pas se payer une semaine de vacances par an.
50% : C'est le pourcentage de la population qui ne peut pas remplacer ses meubles.
23% : en, pourcentage, la population qui ne peut pas acheter des vêtements neufs.
Les bons et les mauvais jeunes du petit nerveux
Ainsi, pour Nicolas Sarkozy, il y aurait les bons et les mauvais jeunes.
Les bons, ceux qui en 1914 sont partis la fleur au bout du fusil, "les patriotes", se battre pour la liberté et qui sont revenus, pour une poignée, la "gueule cassée". Mais bon pas pour rien : le capitalisme était sauvé et son corollaire, le nationalisme, aussi. Et puis l'Alsace-Lorraine était de nouveau française. Important ça !
Les bons, toujours, ceux qui ont entendu le message de de Gaulle en 1940 et qui ont combattu à ses côtés dans la France Libre. Des patriotes encore. Avec, cela dit en passant, un mensonge et un "oubli": le mensonge : l'appel du 18 juin 1940 n'était pas destiné au peuple français mais essentiellement aux militaires. Un "oubli" : la résistance ne se limite pas, loin de là, aux gaullistes de la France Libre. La résistance française comptait de nombreux courants, dont le courant communiste, très présent au sein des forces françaises de l'Intérieur, avec les FTP (Francs-tireurs et partisans), bras armée du front national de la résistance (dévoyé aujourd'hui par d'extrême-droite française).
Et puis, les "mauvais" jeunes : ceux d'aujourd'hui, qui désobéissent aux institutions et au pouvoir de 2010 contre toute une multitude de réformes que les gouvernements successifs ont voulu faire passer ces dernières années.
Les jeunes de 2010 seraient-ils moins intelligents, moins critiques que leurs aînés? Pour Sarkozy et sa cour, nos jeunes seraient manipulés, il s'agirait de moutons qui suivent le troupeau des syndicats gauchistes. Ben voyons...
Pourtant, Sarkozy, ces jeunes là, il les trouve suffisamment "adultes", lorsqu'il rêve de baisser l'âge de l'incarcération dès 13 ans, les jugeant ainsi pénalement responsables de leurs actes. Ils le sont donc aussi quand ils sont des milliers à descendre dans la rue, et pas seulement quand ils n'ont pas cours, pour s'opposer au projet de retraite du gouvernement. Réponse de Sarkozy : raillerie, intimidations et charges policières.
Nicolas Sarkozy rêve ainsi d'une jeunesse à sa botte. La botte, la jeunesse l'a, mais c'est pour lui mettre un bon coup de derrière dans le c..!
"Otage" ?
Ainsi, maintenant comme à chaque grève et manifestation, les non grévistes par idéologie ou par "obligation" (un rappel : la grève est un droit en France reconnue par la Constitution et le Code du travail. Et des pressions, les fonctionnaires en ont aussi pour ne pas faire grève), se sentent obligés, terminologie à succès oblige relayée par les médias de "révérence", pour reprendre l'excellente expression de Jean-Luc Mélenchon, de se présenter comme des "otages".
Ainsi désormais, toute personne s'auto-proclame "otage" dès qu'elle est limitée dans ses déplacements, pour aller au travail, en vacances, à la chasse ou chez la grand-mère sénile, à cause de salariés, forcément nantis car très souvent issus du fonctionnariat, qui bloquent ou limitent, par un refus de travailler faisant suite à un mouvement social, le nombre de trains, d'avions, de bateaux, ou encore récemment l'accès à l'or noir.
Non mais de qui se moque-t-on? N'ont-ils pas honte d'oser se comparer aux vrais otages, ceux qui, du fait de leur profession (souvent de journaliste) ou de leur engagement sont kidnappés, humiliés, violentés, privés de nourriture, de soins, de liberté et parfois même assassinés?
Par pudeur, ils devraient avoir le réflexe, à chaque fois qu'ils sont tentés par cette comparaison, de penser quelques secondes au sort de ces vrais otages qui, eux, paieraient cher pour se retrouver coincés dans des files interminables (mon épouse a mis plus de trois heures pour pouvoir accéder à une pompe à gasoil. Donc je n'ai pas de leçons à recevoir !) de véhicules faisant le pied de grue devant les stations essence limitées dans leur ravitaillement en raison d'une lutte bien légitime.
Bien légitime puisqu'il s'agit d'une des attaques les plus violentes d'un gouvernement français contre le peuple qui ne veut pas de sa "réforme" des retraites qui, va appauvrir les salariés qui jeunes ne trouvent pas d'emplois, et vieux en sont éjectés ( La France possède le taux d'emploi le plus bas des 55 ans et plus en Europe Occidentale).
Frédéric SEAUX
Article publié, en partie, dans L'Humanité, le 22 septembre 2010
Unification de la Normandie. Une réelle nécessité oui, mais pour qui ?
Evoquée depuis les années 1950, l’idée d’unification de la Normandie refait surface avec en ligne de mire, pour le pouvoir sarkozyste, la volonté de nuire à la décentralisation.
« Il y a deux Normandie, on les aime, mais en faut-il deux ? » Il aura fallu cette déclaration de Nicolas Sarkozy au congrès des maires de France le 27 novembre 2008 pour relancer le fameux débat sur l’unification de la Normandie, vieux serpent de mer né au même moment du découpage régional de 1956 qui fit immédiatement l’objet de multiples critiques. Mais si à l’époque le combat unificateur était mené par des mouvements régionalistes souvent réactionnaires, aujourd’hui cette idée même d’unification dépasse les clivages gauche-droite. Il faut dire que l’unification, aux dires des sondages, ferait son chemin dans la tête des « Normands ». Deux tiers d’entre-eux y seraient ainsi favorables.
Unie, la région, d’après quelques économistes et géographes régionaux très impliqués dans l’unification, serait la 6e de France en termes de PIB, alors que la Haute et la Basse-Normandie sont actuellement 13e et 18e sur 22. L’unification fournirait aussi, selon eux, à la nouvelle collectivité territoriale l’opportunité de profiter de l’image exceptionnelle, quoique souvent d’Epinal, de la Normandie (la gastronomie, ses vaches, ses prés, etc.) dans le reste de l’Europe et du monde. La fusion serait enfin pour la Haute-Normandie un moyen d’exister à côtés d’une capitale parisienne trop proche et trop puissante, et pour une Basse-Normandie excentrée, un moyen de devenir enfin attractive. Enfin pour les deux, il s’agirait de retenir les jeunes qui par milliers quittent les deux régions qui les forment chaque année.
"Une déclaration de guerre"
Pourtant la question de l’unification est toujours au point mort, malgré les études et rapports favorables publiés sur le sujet. En cause : l’incontournable et épineuse question de la future capitale. Si, à gauche comme à droite, les Bas-Normands rêvent de voir Caen devenir cette capitale, les Haut-Normands, eux, refusent de voir Rouen reléguée au second rang. Et aucun des deux camps ne semble vouloir faire d’effort. Dernier exemple en date, le très attendu rapport Tourret, du nom du 4e vice-président PRG (historiquement favorable à l’unification) en charge notamment de la question de l’unification, qui est en réalité pour Michel Bussi, politique et professeur de géographie à l’université de Rouen une véritable « déclaration de guerre ». Ce rapport retient en effet Caen comme future capitale, sans qu'aucune autre alternative possible ne soit évoquée dans les deux pages que l'élu bas-normand consacre à cette question sur les 122 pages que compte cette étude.
Or, pour Michel Bussi, les alternatives à ce choix binaire existent pourtant. « Un pouvoir partagé entre les trois principales métropoles normandes. Caen abriterait le conseil régional, Rouen la préfecture de région. Et le Havre abriterait le conseil économique et social », explique l’universitaire. Outre le fait que ce partage mettrait enfin un terme au conflit, il permettrait aussi, d'après le géographe, de soulager les aménagements et les axes routiers qui seraient quotidiennement engorgés en cas de capitale unique.
Pas de réunification à l'allemande
En attendant, les deux présidents socialistes (Alain Le Vern en Haute et Laurent Beauvais en Basse) poursuivent les nombreuses coopérations interrégionales lancées depuis 2004, notamment dans le toursime, la politique portuaire et aéroportuaire. Du côté des élus communistes bas et haut normands, on se déclare depuis longtemps favorable à l'unification, mais à condition que les habitants soient associés au projet, via un référendum, et qu'il ne s'agisse pas de faire de la région réunifiée "un 21e arrondissement de la capitale", explique Jean-Luc lecomte, élu communiste à la région Haute-Normandie. Le récent projet du "Grand Paris" qui avait oublié dans un premier temps d'inclure la Basse-Normandie dans le projet de ligne à Grande Vitesse (LGV) depuis Paris jusqu'au Havre (d'où la fronde de la droite bas-normande à l'encontre d'Antoine Rufenacht, maire UMP du Havre, qui avait mis Caen à l'écart du projet), montre d'ailleurs que l'exécutif élyséen porte peu d'intérêts au développement économique normand.
Une querelle à droite qui arrange finalement bien le parti socialiste surtout haut-normand qui n'adhère pas, mais alors vraiment pas, à cette idée d'unification. L'agument resté officieux pour ne pas blesser les camarades bas-normands porte surtout sur le coût qu'aurait une telle unification pour la Haute-Normandie qui devra alors payer tous les retards actuels de la Basse-Normandie dans de nombreux secteurs. En clair, les socialistes, à la tête de la région Haute-Normandie, n'ont guère envie de jouer le même rôle que l'Allemagne de l'Ouest lors de la réunification allemande qui n'est en définitive toujours pas achevée, tant les disparités entre l'Est et l'Ouest sont toujours prégnantes.
En réalité, plus que d’une unification, la Haute et Basse-Normandie ont surtout besoin, comme l’ensemble des régions françaises, d’une vraie décentralisation qui demeure actuellement toujours inachevée puisqu’elle limite les pouvoirs des conseils régionaux. Et ce n’est pas le récent rapport Balladur sur la réforme territoriale préconisant la réduction du nombre de régions au nom d’une recentralisation des lieux de décisions qui renforcera leurs pouvoirs et ainsi le développement économique de ces deux régions.
Frédéric SEAUX
Repères
En cas d’unification…
3e rang régional en termes de production de valeur ajoutée industrielle, liée au secteur de l’énergie.
4e rang régional en termes de production de valeur ajoutée liée au secteur des transports
6e rang régional en termes de population, de PIB et d’emplois salariés
Source : Edater, Ineum Consulting, Evaluation des effets d’une fusion de la région Haute-Normandie et de la région Basse-Normandie, Rapport remis au conseil régional de Haute-Normandie, 2008, 210 pages.
Pour approfondir...
Baisse du chômage? Vraiment pas de quoi pavoiser.
Les ministres se congratulent. le chômage serait en baisse en France. Rendez-vous compte! Le bureau international du travail vient de publier les chiffres. Pour la première fois depuis la mi-août, le nombre de chômeurs en France a baissé au deuxième semestre 2010. Il s'établit à 9,7% de la population active (y compris Outre-Mer). En métropole, il est de 9, 3% (donc de 10,1%dans les DOM) et touche 2,6 millions de personnes, contre 9,5% au premier trimestre 2010.
Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat à l'emploi n'y va pas par quatre chemins : C'est "un tournant". Rien que cela. Et pour Christine Lagarde, ministre de l'Economie et des Finances, "c'est la première baisse significative depuis la crise" . Parce qu'en plus, on serait donc sortis de la crise? les Français qui se serrent la ceinture tous les jours apprécieront de l'apprendre parce que dans les faits, ils ne s'en étaient pas aperçus.
Plus de prudence pourtant devrait s'imposer chez nos gouvernants. Car ce léger recul de 0,2% n'est ni plus ni moins que la conséquence de la progression de ce que l'Insee nomme "les formes particulières d'emploi". Plus clairement , il s'agit des CDD et de l'intérim. Ces types de contrats ont progressé chez les 15-64 ans de 6,4% à 6,6% durant cette même période. Soit 0,2% de plus. Soit aussi les 0,2% de chômeurs en moins dont se targue le gouvernement. Par contre ce dernier ne pipe mot quant au nombre de salariés embauchés en CDI. Et pour cause. Leur nombre continue de diminuer et s'établit à 49% de la même tranche d'âge. A peine un salarié sur deux possède donc aujourd'hui dans le privé un contrat indéterminé ! Pas de quoi pavoiser donc au sein du gouvernement.
Pour être honnête donc, contrairement au gouvernement, il conviendrait plutôt d'affirmer qu'il y a peut-être un tout petit peu moins de chômeurs (- 0,2% il faut le rappeler), mais aussi et surtout plus de précaires.
On pourrait aussi se satisfaire d'un léger retour à l'emploi des 55-64 ans qui passe de 41,7% à 42,1%. Mais dans le même temps, le taux d'emploi des 15-24 ans a baissé. faut-il y voir le principe des vases communiquants? En partie certainement.
De toute façon, le taux de chômage en France demeure toujours à un niveau très inquiétant. Et ce n'est pas en supprimant un fonctionnaire sur deux que la situation va s'améliorer. Les fonctionnaires coûtent cher aux finances publiques? Et les chômeurs combien leur coûtent-ils?
La vraie question est plutôt celle du manque à gagner pour ces finances publiques, puisqu'un chômeur ne cotise pas aux différentes caisses sociales, à commencer par celle de la sécurité sociale. Mais évidemment, le gouvernement n'entend pas poser le débat dans ce sens. Il préfère envisager que ceux qui ont "le privilège" de travailler continuent de le faire encore plus longtemps, sans partager le travail avec ceux qui n'en ont pas.
C'est la raison pour laquelle il faut être très nombreux le 7 septembre prochain dans les rues de toutes les grandes villes de France pour s'opposer à l'actuel projet de réforme du gouvernement sur l'alllongement de la durée de vie au travail et sur son projet de financement des retraites.
"Ceux qui se battent peuvent perdre, mais ceux qui ne se battent pas ont déjà perdu", écrivait la dramaturge Berthold Brecht. Ses propos n'ont jamais été aussi vrais qu'en ce moment crucial pour l'avenir du travail en France et des millions de Français sans emploi ou précaires.
Frédéric SEAUX
SNCF : Un service de substitution qui ne fait pas l’unanimité
En gare de Rouen les usagers pestent contre le nombre de cars de substitution mis à leur disposition.
« Quand on appelle le 36-35 (portail téléphonique de la SNCF-NDLR) on nous répond qu’on aura bien notre train. Mais une fois en gare, on apprend que ce train est remplacé par un seul et unique car », s’emporte Nelly, retraitée, quand on lui demande son sentiment sur la politique de la direction régionale en Haute et Basse Normandie de proposer des cars assurant les liaisons en lieu et place des trains annulés. Propos similaires chez Evelyne, 60 ans, qui voit dans ces cars guère mieux qu’un pis aller. Muriel, une autre usager de 24 ans, attend son car depuis midi pour aller à Lisieux. Il est 17 heures et son car est enfin annoncé. Elle garde le sourire, malgré tout, mais elle admet son mécontentement de « devoir quand même acheter un billet de train, de le composter pour finalement monter dans un car sans qu’aucun contrôleur ne soit présent ».
Volonté délibérée de la direction régionale de « pourrir » le mouvement en n’assurant pas correctement la mission de service public de la SNCF ? « Non je ne pense pas », affirme Grégory Laloyer, responsable CGT SNCF sur Rouen. « Mais il est sûr, poursuit le délégué syndical, qu’en refusant de répondre à nos revendications dont certaines sont locales, en termes d’emplois, d’organisation du travail et de polyvalence des contrôleurs, que la direction régionale mène une situation de blocage qui pénalise les usagers ».
La fin de la grève n’est donc pas pour tout de suite prévient le cégétiste qui rappelle que sur l’ensemble de la Haute et Basse-Normandie, 11,3% des cheminots ont cessé le travail, dont 55% des contrôleurs et 57% des agents de conduite. « Des taux qui sont restés stables depuis le début du mouvement, signe que les grévistes sont bien décidés à ne rien lâcher », insiste-t-il. Sébastien Jumel, le maire et conseiller général communiste de Dieppe à interpellé Dominique Bussereau, ministre des transports en lui demandant « d'intervenir auprès de la Direction SNCF pour que celle-ci engage sans délais et sans conditions de réelles négociations sur l'ensemble des points faisant l'objet du conflit ».
Frédéric SEAUX
Nicolas Rouly, l'avocat de madame karapétian qui passait ce samedi matin devant le juge des libertés vient de m'informer de sa libération du Centre de Rétention d'Oissel pour vice de procédure dans le contrôle d'identité qui avait précédé son arrestation et celle de sa fille mineure.
C'est un soulagement pour cette femme qui va pouvoir pour le moment rester en France et poursuivre avec son avocat sa demande de droit d'asile pour elle et sa famille et tenter de faire annuler l'OQTF délivrée par le préfet de Seine-maritime auprès de la cour d'appel de Douai.
Heureusement qu'il y a sur notre territoires des avocats de la trempe de Nicolas Rouly et des associations comme RESF qui ne lâchent jamais rien.
Le combat continue.
Comme l'écrivait Brecht : " ceux qui se battent peuvent perdre mais ceux qui ne se battent pas ont déjà perdu".
Frédéric SEAUX
La famille Karapétian arrêtée
à son domicile de France Terre d'Asile
La période hivernale achevée, la police n'a pas trainé pour faire appliquer l'OQTF (obligation de quitter le territoire français) délivrée par le préfet de Seine-Maritime à l'encontre de la famille arménienne Karapétian, arrivée en France en 2007 et déboutée du droit d'asile.
En octobre dernier, le cas de cette famille avait été évoqué dans les médias car elle n'avait jamais reçu son OQTF. Elle n'en avait été informée que lors de sa venue en préfecture pour déposer sa demande de titre de séjour. La pression médiatique avait permis de maintenir cette famille dans son logement appartenant à France Terre d'Asile au-delà de la date butoir du 1er novembre, début du moratoire hivernal sur les explusions locatives.
Mais jeudi en milieu de matinée, la police est venue arrêter cette famille. Seule la mère et la plus jeune des trois filles âgée de 17 ans et scolairsée au lycée professionnel Colbert de Petit Quevilly se trouvaient dans leur logement. Elles ont été conduites immédiatement au Centre de Rétention administrative d'Oissel. La mère est présentée ce matin samedi au juge des Libertés qui devra se prononcer sur son maintien en rétention. Sa fille mineure n'est elle pas concernée par cette procédure et ne peut être d'ailleurs contre son gré renvoyée dans son pays d'origine.
David Lamiray, le maire socialiste de Maromme qui avait parrainé cette famille est immédiatement intervenu auprès du préfet qui a une nouvelle fois refusé d'annuler l'OQTF. Les Karapétian étaient en train de constituer, avec leur avocat Nicolas Rouly, le dossier d' appel auprès de la cours d'appel de Douai. Ce pourvoi en appel n'étant pas suspensif de la décision du T.A, cette famille, du moins la mère seulement pour l'instant, pourrait donc être renvoyée en Arménie, dès qu'une place d'avion se libèrera, avant même que leur droit à rester en France puisse être totalement étudié. De son côté le Réseau Education Sans Frontières (RESF) qui devait être reçu hier vendredi en Préfecture pour négocier des dossiers de jeunes sans-papiers parle de "provocation à leur égard en pleine période de vacances au moment où la mobilisation est plus difficile à mettre en place" et menace "de ne plus venir en préfecture pour négocier et jouer les interlocuteurs" avec les représentants du pouvoir en place.
Frédéric SEAUX