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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 15:14



Article publié dans L'Humanité, le 25 mars 2010

 Renault Cléon : message de défiance

Les salariés du site Renault de Seine-Maritime sanctionnent la droite et mettent la gauche en garde.


Les « Renault Cléon », comme on les appelle en Seine-Maritime, sortent d’un conflit long et difficile mais victorieux. Les salariés de Renault viennent en effet d’obtenir de leur direction nationale une prime de 500 euros en sus d’une première prime d’un même montant attribuée en début d’année à tous ses salariés, quand les 2 800 cadres, eux, en obtenaient une comprise entre 10 000 et 15 000 euros. Gonflés par ce succès dans un contexte où la plupart des entreprises gèlent les rémunérations, quelque 200 salariés du site de Renault Cléon, basé dans l’agglomération d’Elbeuf, se sont rendus mardi à Rouen à la manifestation interprofessionnelle, à laquelle ont répondu plus de 10 000 salariés du public mais aussi du privé.

Revigorés par cette victoire, les salariés étaient porteurs d’un message politique fort, dans la continuité du vote de dimanche dernier et de la sanction donnée à la droite, même chez ceux qui, comme Tony, vingt-neuf ans et neuf ans d’usinage dans l’entreprise pour 1 500 euros net avec les primes d’équipe et de panier, portent plus d’espoir dans la lutte sociale dans la rue que dans les élus, quel que soit leur bord politique. Un message que Patrice Lujan, cinquante-six ans, dans l’entreprise depuis 1976, traduit concrètement. « Plus qu’une nouvelle sanction, notre présence aujourd’hui dans la manifestation est un message de défiance vis-à-vis du gouvernement. Mais la gauche n’a pas à crier victoire car nous serons là aussi si elle s’attaque à la retraite. » Message à peine voilé contre les propos ambigus de Martine Aubry, première secrétaire du PS, qui acceptait-il y a peu l’idée de reporter l’âge légal de départ après soixante ans.

Bailaly, vingt-cinq ans et embauché « réellement » depuis 2005, en a, lui « ras le bol de tout, des conditions de travail et du salaire vraiment insuffisant. Je souhaite que cette manifestation amorce quelque chose de beaucoup plus important comme la grève générale », invite le jeune homme, récemment syndiqué à la CGT. « Je sais bien que ce n’est pas cette journée qui va faire tomber le gouvernement, mais cela peut être un bon début », conclut le jeune homme.

                                                                                     Frédéric Seaux

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25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 21:20


Article paru dans L'Humanité, le 23 mars 2010

Imprenable Haute-Normandie

La gauche l’a aisément emporté. Même l’Eure, plus conservateur, est passé à gauche.

La gauche unie derrière Alain Le Vern, président socialiste sortant, l’a emporté au second tour des régionales avec 55,10 % des voix, contre 30,70 % pour la droite (32 % en 2004) conduite par deux ministres de Sarkozy, Bruno Le Maire et Hervé Morin, et 14,20 % pour le Front national mené par le parachuté parisien Nicolas Bay. La gauche gagne donc un siège par rapport au dernier mandat (37 sièges contre 36), la droite en perd un (12 au lieu de 13) et le FN conserve ses 6 élus. « La fusion des listes à gauche a donc bien fonctionné lors de ce second tour », a précisé Céline Brulin, secrétaire PCF de Seine-Maritime, et nouvelle élue régionale. Le Front de gauche n’était pourtant pas certain d’obtenir un 6e élu, positionné volontairement par le PS en 27e position en Seine-Maritime, afin de faire payer la division du premier tour, alors que le résultat pressenti donnait entre 26 et 28 élus à la gauche. Mais le Front de gauche, en appelant à voter massivement pour la gauche unie « pour battre la droite et l’extrême droite », a favorisé le bon score final et l’élection de ce 6e candidat, Christian Gauthier, issu du Parti de gauche.

« Notre responsabilité est immense », a réagi cependant Noël Levillain, maire communiste et nouvel élu régional. « Le Front de gauche va devoir apporter sa pierre à l’édification de projets communs avec d’autres régions de gauche, qui devront préfigurer ce que pourrait être une gauche gouvernementale. Il ne suffira pas que la région soit bien gérée. Il faudra qu’elle soit également combative auprès d’une population qui s’est abstenue à hauteur de 49 % dimanche. »
Pour de nombreux observateurs politiques régionaux, la Haute-Normandie devient une terre quasi imprenable pour la droite puisque, outre la Seine-Maritime, traditionnellement à gauche, le département de l’Eure, davantage conservateur, est lui aussi passé à gauche très largement (49,11 % contre 34,49 % pour la droite) dimanche soir.

                                                        Frédéric Seaux

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22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 10:18


Le Front de Gauche tire son épingle du jeu
dans la victoire de la gauche en Haute Normandie



La victoire de la gauche était attendue hier dimanche lors du 2e tour des élections régionales en Haute-Normandie. Et elle fut bien au rendez-vous puisque la gauche unie derrière Alain le Vern, président socialiste sortant, l'a emporté avec 55,10 % des voix, contre 30,70% pour la droite conduite par deux ministres de Sarkozy, Bruno Le Maire et Hervé Morin, et 14,20% pour la Front National mené par le parachuté parisien Nicolas Bay.
Le nouveau conseil régional ne subira donc qu'un changement mineur, puisque la gauche dans son ensemble gagne un siège par rapport au dernier mandat (37 sièges contre 36), la droite en perd un (12 au lieu de 13) et le FN conserve ses 6 élus. Au sein de la gauche le Front de Gauche obtient 6 élus (5 en Seine-Maritime et un dans l'Eure), tout comme Europe Ecologie.

La fusion des listes à gauche a donc bien fonctionné lors de ce 2e tour, en évitant d'évoquer les sujets qui fâchent (la déviation nord-est de Rouen, l'EPR de Penly...), et malgré des négociations difficles entre les deux tours et l'absence remarquée finalement sur la liste de Sébastien Jumel, maire communiste de Dieppe et tête de liste du Front de Gauche au premier tour, qui aurait pu inciter des militants communistes à rester chez eux dimanche.

 Le Front de Gauche peut donc respirer. Longtemps incertain d'obtenir un 6e élu, positionné volontairement par le PS en 27e position en Seine-Maritime, histoire de faire payer la division du 1er tour, alors que le résultat pressenti donnait entre 26 et 28 élus à la gauche, le Front de Gauche en appelant à voter massivement pour la gauche unie a favorisé le bon score final et l'élection de ce 6e candidat, Christain Gauthier issu du Parti de Gauche.
Mais certains au parti communiste, notamment dans le département de l'Eure peu enclin à ce Front de Gauche, ont tout de même voulu faire remarquer que par rapport à 2004, le PCF perdait 4 élus, puisque sur les 6 nouveaux élus, 4 au lieu des 8 précédents étaient membres du PCF, associés désormais à une élue de la gauche unitaire (Michelle Ernis) et à un élu du Parti de Gauche (Christian Gauthier). "Le front de gauche perd peut-être des élus communistes et autant de revenus pour les caisses du parti, mais il gagne en couleur" a commenté un militant communiste de longue date.

Ces mêmes militants ont aussi critiqué très largement l'Humanité et sa couverture des régionales en Haute-Normandie, accusant le journal de faire parler des personnes qui ne pèsent pas et qui ne représentent rien, au détriment des communistes. Elles feignent d'oublier ainsi plusieurs éléments de poids :
Premièrement que l'Humanité est certes un journal communiste, mais il n'est plus l'organe de presse du parti communiste français.
Deuxièmement, qu'il faut lire les articles plus sérieusement;  ainsi ils se rendront compte que dans la double page consacrée à la région, le 11 mars dernier, seuls deux petits portraits (1000 signes chacun) dont je suis l'auteur, étaient consacrés à deux candidats, issus de la Gauche Unitaire et du Parti de Gauche. Pour le reste, les deux papiers de Max Staat ne faisaient pas référence aux autres courants du Front de gauche, et le mien sur "le développement industriel en débat..." a largement permis aux élus ou aux candidats PCF (Gaëtan Levitre, Jean-Luc Lecomte et Julien Dugnol) de pouvoir s'exprimer.
Enfin, n'y a-t-il par un paradoxe de la part de ces militants à critiquer le comportement hégémonique du PS vis-à-vis du PCF et à vouloir utiliser les mêmes méthodes dès lors que leur parti s'associe avec d'autres composantes de gauche?

Pour de nombreux observateurs politiques régionaux, la Haute-Normandie devient une terre quasi imprenable pour la droite puisque outre la Seine-Maritime, traditionnellement à gauche, le département de l'Eure, davantage conservateur, est lui aussi passé à gauche très largement dimanche soir.

Bruno Le Maire a donc beau jouer l'autosatisfaction en se félicitant "d'avoir dépassé la barre symbolique des 30 %" (mais 32% en 2004) et en afirmant que "c'est un score prometteur pour l'avenir", il est tout de même celui qui a fait, avec Xavier Darcos, le plus mauvais score parmi les 8 ministres engagés dans ces élections. Faute de relais politiques suffisants dans cette région et avec un front national malheureusement  toujours aussi influent, il aura donc bien du mal à s'implanter. A moins qu'il soit victime du prochain remaniement ministériel et qu'il ait, de fait, alors plus de temps à consacrer à son mandat d'élu régional d'opposition et à son implantation régionale où il est déjà conseiller municipal d'opposition à Evreux.


                                                                                                                                                                    Frédéric SEAUX
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20 mars 2010 6 20 /03 /mars /2010 15:49



Article paru dans L'Humanité, le 19 mars 2010
 

 « Nos conditions de travail sont déplorables »

« Nous ne débrayons que deux heures car nous sommes beaucoup à n’avoir que des tout petits salaires et nous ne pouvons pas demander aux salariés de faire grève toute une journée », déclare Béatrice Clais, déléguée CGT au CHSCT de Carrefour, à Tourville-la-Rivière (Seine-Maritime).

« Néanmoins, nous sommes très motivés car nos conditions de travail sont déplorables », ajoute-t-elle. Les récriminations portent notamment sur les suppressions de postes dues à l’apparition, en septembre dernier, des caisses automatiques, qui ont supprimé sept postes d’hôtesse de caisse, à la suppression du bureau de vente en électroménager et hi-fi. La CGT peste aussi sur le refus de la nouvelle direction d’embaucher pour remplacer des congés maladie et des congés maternité. « Sans compter les pressions que les vendeurs subissent pour faire de plus en plus d’encaissements alors qu’ils ne sont pas formés pour cela et qu’ils s’y opposent fortement », a-t-elle conclu.

                                                                                                                                                                                  Frédéric Seaux

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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 09:48

Résultat encourageant pour le Front de Gauche 
mais certainement pas suffisant pour peser sur le programme socialiste.

 

 

« C’est un très bon résultat ici à Dieppe » s’est exclamé, sous les applaudissements, Sébastien Jumel à la sortie de son bureau de l’Hôtel de ville à 20 heures. Avec  34,22% des voix dans la ville dont il est maire, la tête de liste du Front de Gauche en Haute-Normandie a de quoi être satisfait de ce résultat. Il devance, en effet, de plus de 12 points la liste socialiste d’Alain le Vern (22,13%), la liste UMP-Nouveau Centre (22,29%) et Europe Ecologie (6,46% des voix). « C’est une sanction sans ambiguïté contre la politique de casse industrielle du gouvernement et du président de la République », a précisé Sébastien Jumel avant d’appeler de ses vœux à la « dynamique de rassemblement » au 2e tour.


Au plan régional, par contre, si le résultat du front de gauche est encourageant et très élevé dans les mairies à direction communiste (Gonfreville l’Orcher, Oissel, Le Tréport…) il n’atteint tout de même pas les mêmes scores. L’abstention a été très forte (53%) et les électeurs ont placé la liste du Front de Gauche à 8,4 %, loin derrière la liste socialiste (34,87%), celle de Bruno Le Maire (UMP-NC) à 25%, d’Europe Ecologie ( 9,1 %) et du Front national (11,7  %). Toutes les autres listes ont, quant à elles, fait moins de 5%.

Sébastien Jumel s’est dit « satisfait d’un résultat qui montre que la gauche de combat compte en Haute-Normandie ». « Les luttes sociales et industrielles qui vont venir prochainement devront pouvoir s’appuyer sur une gauche résolument à gauche » a conclu la tête de liste du front de gauche bien décidé à pousser le socialiste Alain Le Vern à discuter de son programme en vue d'un accord pour le 2e tour.

Pas sûr pour autant qu'il y parvienne.  Car mathématiquement, Alain le Vern pourrait très bien ne pas tendre la main au Front de Gauche et à Europe écologie, tous deux en dessous des 10 %. Engagé dans une triangulaire avec la droit et le FN qui a décidé de se maintenir avec son résultat de 11,7 % (14 % dans l'Eure), le parti socialiste est assuré de remporter l'élection dimanche prochain. Seule une très hypothétique forte mobilisation de l'électorat en faveur de la droite pourrait changer la donne.
Mais selon les dernières informations obtenues ce matin auprès de la fédération PCF de Seine-Maritime, Alain  Vern aurait cependant accepté la fusion des listes en accordant 5 élus au Front de Gauche en Seine-Maritime et un seul dans l'Eure. Par rapport à 2004, le PCF perd donc des sièges puisqu'il comptait 8 élus communistes (sept en Seine-Maritime et un dans l'Eure); sièges qu'il devra partager avec le Parti de Gauche (un élu, Christian Gautier) et Gauche Unitaire (une élue, Michelle Ernis). Le front de gauche et le PS sont donc en ce lundi matin 10h30 en train de négocier le futur programme de gouvernance de la région. Par sûr là que le PS lâche quoi que ce soit, hormis sur des points mineurs.

 Quant à l'abstentionnisme, il pose l'épineux problème de la légitimité des futurs élus, de gauche comme de droite, de la région Haute-Normandie et des autres régions françaises d'une manière générale. Est-on politiquement crédible lorsqu'on est finalement élu à la tête d'une région au maximum par 20% de l'éléctorat ? Et ce n'est pas, contrairement à ce que dit le 1er ministre et son porteur de valise dans la région, Bruno Le Maire pour mieux ne pas analyser la lourde défaite de la droite, la réforme territoriale qui y changera grand chose.

Frédéric SEAUX

 

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13 mars 2010 6 13 /03 /mars /2010 15:12

 
Brève parue dans L'Humanité, le 13 mars 2010

Un candidat NPA saisit la Halde

Stéphane Bois, tête de liste NPA dans le Loiret, a décidé de saisir la Halde après la décision de son employeur, le rectorat, de mettre fin à son contrat en raison de "l'engagement politique" de ce professeur des écoles, chargé de mission pour trois ans pour développer le site Internet de l'académie. Le candidat a reçu le soutien du PCF, du Parti de gauche, de LO et de la majorité des syndicats départementaux, qui dénoncent des "pratiques discriminatoires".

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12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 08:57

Le billet de Maurice Ulrich, paru dans L'Humanité, le 11 mars 2010

Rantanplan


- Nous avons peut-être en France un génie comme on les compte sur les doigts d’une main dans l’histoire, dont l’inventeur 
de la brouette et du fil à couper le beurre… C’est Hervé Novelli, modeste secrétaire d’État au Commerce et à l’Industrie, mais inventeur depuis 2009 des auto-entrepreneurs. 
Cité dans un livre qui vient de paraître, Déjeuners avec des ministres sous pression, il commente son invention  : 
« C’est une vraie réforme de société. Sans avoir la grosse tête, je peux dire que c’est une révolution copernicienne. 
C’est la fin de la lutte des classes. » Avec quelques dizaines de milliers d’auto-entrepreneurs se versant à grand-peine un salaire moyen de moins de 800 euros par mois, on mesure en effet la révolution. Ce n’est plus autour du Soleil que tourne la Terre, mais autour de lui et de sa petite tête. Et de poursuivre  : « Le président me dit toujours “ta réforme”. J’ai de la chance, 
il ne la reprend pas 
à son compte. » Certes… Au rang des génies, Hervé Novelli égale aussi Rantanplan.
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12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 08:52


Article de Pierre-Henri Lab,
paru dans L'Humanité du 11 mars 2010

Multiples impostures climatiques

Dans l’Imposture climatique (1), Claude Allègre reconnaît la réalité du réchauffement du climat. Il reconnaît aussi que l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère est un phénomène préoccupant , notamment parce qu’il conduit à l’acidification de l’eau des océans. Mais il renouvelle son désaccord sur le fait que cette augmentation soit la cause principale du réchauffement. Ses arguments ont fait l’objet de réfutation de la part de scientifiques. Les médias les ont abondamment relayés. Sa « démonstration » a été soigneusement épluchée, faisant apparaître que l’imposture n’est pas forcément du côté où l’auteur la situe. Il apparaît en effet que Claude Allègre a « enrôlé » malgré eux des scientifiques convaincus de l’implication de l’effet de serre dans le réchauffement climatique, et a même cité à l’appui de « sa démonstration » des publications scientifiques ou des chercheurs qui n’existent pas (2). L’essentiel de l’Imposture climatique n’est pas là. Le livre de Claude Allègre n’est pas une contribution à la science. C’est un livre politique dans lequel l’auteur s’emploie à dénoncer « une conspiration » mêlant scientifiques, industriels du « green business » et politiques. Si, comme lui, on peut s’indigner des récupérations commerciales dont font l’objet les préoccupations environnementales ou dénoncer ceux qui agitent les peurs millénaristes pour imposer telle ou telle politique, on ne peut pas accepter, comme il le sous-entend, que tout le monde soit logé à la même enseigne. Les scientifiques qui ont tiré le signal d’alarme sur le réchauffement climatique sont-ils responsables de l’instrumentalisation qu’en font des affairistes ou autres prêcheurs d’apocalypse  ? C’est la leur faire un mauvais procès. On ne peut pas, par exemple, décemment reprocher aux chercheurs l’usage de l’effet de serre comme prétexte par le gouvernement pour instaurer la taxe carbone.


Pierre-Henri Lab


(1) Paru chez Plon.
(2) Le Monde du 28 février 2010.

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12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 08:46

 Article paru dans L'Humanité, le 11 mars 2010

Haute-Normandie.
Le développement industriel en débat…

L’enjeu industriel 
est majeur dans une région, où l’automobile, l’énergie, la pharmacie, le verre, l’activité portuaire dominent… Développer l’industrie, c’est assurer l’emploi. La liste de Sébastien Jumel en fait une priorité.


Rouen (Seine-Maritime), envoyé spécial.


La Haute-Normandie multiplie les atouts  : région agricole, touristique et aussi et surtout industrialo-portuaire. Elle regroupe ainsi des industries traditionnelles de premier plan (automobile, papeterie…) et des industries de haute technologie (aérospatiale, aéronautique, pharmaceutique…). Mais la crise financière « et la casse organisée par l’actionnariat », selon Sébastien Jumel, la tête de liste du Front de gauche dans cette région, sont passées par là et avec elles des milliers d’emplois ont disparu  : près de 25 000 en 2009 dont la moitié dans l’industrie, victime ainsi en 2008 d’une baisse de l’emploi de 3 %. La barre des 10 % de chômeurs (cinquième région la plus touchée par le chômage) a donc été naturellement franchie en 2009, contre 8,6 % en 2008. Les premiers touchés sont les moins de 25 ans dont plus de 30 000 d’entre eux ont déjà quitté la région depuis 2001.

Autre constat partagé par tous, ou presque  : la nécessité de relancer l’industrie. « Ou presque » car, à droite, la tête de liste Bruno Le Maire, également ministre de l’Agriculture, n’envisage l’emploi que sous la forme d’emplois verts au sein des associations « dont l’objet est l’entretien des sites naturels, des espaces verts et de rivières » et de « doubler le budget régional consacré à la recherche et à l’innovation ». Ambition très mince donc et illusoire surtout. Car même si la région s’est vu décerner le prix de la meilleure gestion de France, la suppression prochaine de la taxe professionnelle risque de peser lourd dans le budget et donc dans les investissements régionaux. La réunification des deux Normandie est pour le proche de Nicolas Sarkozy la pierre angulaire de son programme pour l’emploi dont il prétend faire sa priorité. Reste aussi la dernière trouvaille de l’ancien directeur de cabinet de Villepin  : axer le développement économique de la région sur le tourisme (6 % des emplois seulement). On est bien loin donc d’une politique ambitieuse en faveur du développement industriel. La liste Europe Écologie, conduite par Claude Taleb, conseiller régional sortant, ne jure elle aussi que par des emplois verts et par l’endettement « qu’autorise l’excellente santé de ses finances » pour financer les projets industriels majeurs.

Du côté du Parti socialiste, on se gargarise d’avoir un excellent bilan et une excellente situation financière. Le programme  ? Continuer sur cette lancée en promettant qu’en cas de réélection du fabiusien Alain Le Vern à la tête de la région, un label Fabriqué en Normandie sera élaboré pour sauver le savoir-faire des délocalisations. Promesse est faite aussi de créer un pôle public pour l’investissement et l’innovation et de poursuivre les aides financières aux entreprises, désormais conditionnées par les critères de l’emploi, des conditions de travail et du respect de l’environnement.

« Pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt  ? » s’interroge de son côté le Front de gauche. « Pendant six ans, la commission de contrôle de cet argent public n’a fonctionné qu’à deux reprises », révèle Gaëtan Levitre, maire PCF d’Alizay où est installée la papeterie M-Real menacée par un plan social de 99 emplois et qui a bénéficié de subventions de la région. « Le reste du temps, tout était décidé dans les bureaux du conseil régional », poursuit-il. « Contrairement au NPA qui rejette toute aide publique aux entreprises, nous disons que le problème n’est pas l’aide mais son contrôle », conclut l’élu qui constate avec amusement que le PS a repris les idées du Front de gauche sur ce sujet.

La priorité du Front de gauche demeure donc le maintien de l’industrie traditionnelle, à commencer par l’automobile qui génère près de 30 % de la production nationale et des milliers d’emplois chez les sous-traitants (Autoliv, Sealinx…) dans la région. Dans le domaine de la papeterie, engagement est fait de favoriser l’utilisation locale des forêts très présente dans cette région plutôt que de faire venir le bois de l’étranger (Angleterre essentiellement). La question du développement durable est donc au cœur du programme du Front de gauche, au point d’ailleurs d’envisager comme Julien Dugnol, 13e sur la liste et qui travaille à Grand-Couronne, que les futurs élus impulsent une dynamique pour valoriser le transport fluvial des marchandises en y conditionnant les aides aux entreprises. L’accent sera également mis sur la formation continue et dans l’innovation industrielle. « Mais avant tout, précise Jean-Luc Lecomte, maire adjoint communiste de Vernon et tête de liste dans l’Eure, il faudra convoquer des assises pour l’emploi afin d’examiner la situation de chaque filière car la région actuelle, n’a réalisé aucune étude sur le sujet malgré la grave crise industrielle. »

Frédéric Seaux


REPERES

- La Haute-Normandie est composée de deux départements, l’Eure et la Seine-Maritime. Elle compte 1,8 million d’habitants et la capitale régionale est Rouen.
- Premier tour des régionales 2004 : Le Vern (PS, PCF, Verts), 39 % des voix (53 % au deuxième tour) ; Rufenacht (UMP), 21 % des voix (33 % au deuxième tour) ; Chaboche (FN), 16 % des voix (15 % au deuxième tour) ; Morin (UDF), 13 % des voix ; Poupin (LCR, LO), 6 % des voix.
- Conseil régional sortant : 22 PS, 8 PCF, 6 Verts, 5 Nouveau Centre, 8 UMP, 6 FN.

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12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 08:32

Articles parus dans L'Humanité du jeudi 11 mars 2010

Portrait de Michelle Ernis

"Remettre le curseur à gauche"


Après plusieurs décennies à la LCR puis au NPA, Michelle Ernis a rejoint la Gauche unitaire à l’occasion des dernières européennes et elle en quatrième position sur la liste Front de gauche emmenée par Sébastien Jumel. Pour l’élue 
de la banlieue rouennaise, la situation politique en France et en Haute-Normandie ne peut plus se contenter d’une « gauche molle ». La région, Michelle Ernis la veut politique et responsable et non plus « aseptisée », comme elle l’est depuis six ans maintenant selon elle. « Le PS aurait pu faire de cette région et des 19 autres de véritables contre-pouvoirs. Mais il ne l’a pas fait, ce n’est pas dans ses gènes. » « Nous, on boostera sans arrêt cette région en replaçant véritablement le curseur à gauche pour répondre aux besoins des milieux populaires et des classes moyennes », poursuit-elle. Le programme du PS  ? « Il a été modifié et quelque peu gauchi mais il y a des différences fondamentales avec celui du Front de gauche », explique-t-elle. « Je préviens seulement Alain Le Vern que, contrairement à ce qu’il a dit, au second tour, ce n’est pas le plus fort qui va décider du programme définitif. Nous devrons également fusionner les idées. »


Portrait de Michael Després

« Il faut une vraie gauche à la région »


 Cadre supérieur de santé en hôpital psychiatrique à Évreux, Michaël Desprès, cinquante-quatre ans, est candidat pour le Parti de Gauche en troisième position dans l’Eure. Il s’inscrit dans cette élection avec le Front de gauche pour construire une vraie gauche alternative. Il veut faire du conseil régional un contre-pouvoir quotidien à la politique de la droite. S’il admet volontiers que la gestion du président PS sortant Alain Le Vern « est une bonne gestion », il lui reconnaît cependant de n’être qu’une gestion 
« de bon père de famille ». Selon lui, « il faut au contraire en cette période de crise investir et prendre des risques sinon l’emploi va poursuivre son déclin ». Il dénonce également certaines orientations droitières de la région. « Il faut une vraie gauche à la région et non pas celle qui a poursuivi la politique d’Antoine Rufenacht (président RPR de la région entre 1992 et 1998 – NDLR) dans le financement des écoles privées bien supérieur à ce que prévoit la législation. » Alain Le Vern a aussi favorisé la rénovation des centres de formation privés (20 millions d’euros depuis 2004) au détriment des lycées professionnels publics.
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Présentation

  • : Le blog de frederic seaux
  • : il s'agit d'un blog sur lequel paraissent certains de mes articles publiés dans le quotidien l'Humanité et les deux hebdomadaires, La Terre et l'Humanité Dimanche. J'utilise également ce blog comme moyen d'expression sur des sujets d'actualité que je ne traite pas directement à travers mes articles. Rendez-vous également sur le blog de la maison d'édition que j'ai créée : http://editionscogitoergosum.over-blog.com
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