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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 15:19

Reportage de Christelle Chabaud, 

paru dans L'Humanité, le 10 juin 2010

Cliniques privées. À Montpellier, une révolte qui vient de loin

En Languedoc-Roussillon, depuis trois semaines, 
les personnels 
des cliniques privées sont engagés dans une grève puissante et inédite. Au cœur du mouvement, les « doubles journées » que certains sont obligés de faire, faute de salaires décents…

Montpellier (Hérault), correspondance.

 

 

Déjà la troisième semaine de grève. Du jamais-vu dans le secteur de la santé privée du Languedoc-Roussillon. Dans les cliniques montpelliéraines, les couloirs se sont comme accoutumés à la faible affluence, d’autant que certaines directions ont décidé de fermer des services. Depuis quatorze jours, les urgences lourdes sont redirigées vers les hôpitaux de la ville. Sous les tentes, devant la Maison des syndicats, les traits sont tirés mais les regards toujours aussi intraitables. En ce début de matinée, ils sont déjà plus de 200 grévistes à avoir enfilé les blouses, toutes bariolées de la même exigence  : « +10 % ».

Depuis le 25 mai, les salariés des dix grandes cliniques privées de Montpellier ont cessé le travail pour donner du poids à leur revendication  : une hausse de 10 % de la valeur du point sur lequel sont calculés les salaires, soit une augmentation de 120 euros à 250 euros brut mensuels. « Cela fait deux ans qu’on nous inflige 0 % et cette année, rebelote, explose Barbara Rampillon, porte-parole de la CGT. La Fédération de l’hospitalisation privée (FHP, le syndicat patronal – NDLR) vient d’annoncer qu’en 2010 non plus, il n’y aurait pas d’augmentation à cause de la crise, pourtant nos patrons n’ont pas trop l’air de la connaître… » Par souci d’exactitude, cette infirmière de la clinique Clémentville fouille dans ses papiers pour étayer son affirmation  : « le groupe Clinéa-Orpéa, par exemple, a fait 62 millions d’euros de bénéfices en 2009 et rien qu’au 1er trimestre 2010, son résultat s’est encore amélioré de 16,2 %. »

Des chiffres qui donnent le vertige à Réjane Franch. Le groupe européen Clinéa-Orpéa, elle connaît. Cela fait vingt-trois ans que cette aide-soignante travaille pour lui au sein de l’établissement psychiatrique La Lironde. Mais malgré son ancienneté, Réjane ne gagne que 1 280 euros net par mois. Insuffisant pour vivre et aider ses grands enfants, « dans la panade eux aussi ». Alors, depuis 2004, cette quinquagénaire n’a trouvé qu’une solution  : cumuler un autre emploi. Quitte à tirer sur la corde. « Chaque jour, je fais au minimum dix à douze heures de boulot… Je prends mon service à la clinique à 7 h 15 jusqu’à 14 heures, puis je pars faire le ménage chez des particuliers, ils me paient en chèques emploi-service, c’est toujours ça en plus. » Il y a quelques jours, Rejane a reçu un courrier de la caisse de retraite  : avec la complémentaire, elle touchera 595 euros par mois. « J’ai pleuré pendant trois jours, le quatrième je suis allée m’acheter une voiture d’occasion à crédit, c’est sûrement la dernière année où je peux m’en payer une. »

De Fontfroide à Saint-Roch, du Millénaire à la clinique du Parc, ils sont nombreux comme Réjane à s’être résignés à la double activité, en faisant des nuits dans une autre clinique ou en s’improvisant dans les services à la personne. Sans compter « tous les collègues qui pressent un max sur les heures sup’, parfois jusqu’à faire exploser le plafond autorisé ». Parce qu’« on ne vit pas avec un smic », Philippe Mathey, aide-soignant lui aussi, effectue au moins dix heures de plus par mois pour doper ses 1 080 euros net. « Quand j’ai débuté, il y a quatre ans, mon salaire dépassait le smic de plus de 20 euros, maintenant il n’y a même pas 5 euros d’écart. » Sur des postes équivalents, les rémunérations sont en moyenne 30 % inférieures à celles pratiquées dans la santé publique. De plus, explique Virginie Vidal, « les cliniques d’un même groupe n’ont pas forcément la même politique salariale, moi par exemple, je suis payée 400 euros de moins qu’une infirmière parisienne ».

Or, depuis trois semaines, les portes restent fermées aux étages des directions. « Trois groupes ne veulent même pas s’asseoir autour d’une table pour discuter », relate le cégétiste Philippe Gallais, fondateur du collectif Santé privée. Vendredi, la direction du géant régional Oc Santé – qui possède six cliniques, toutes en grève – a accepté une entrevue… Le temps de proposer une hausse de 2 % la première année et de 1 % la deuxième, « si le point est revalorisé au niveau national ». « Ridicule », selon la délégation syndicale. « Il y a une très grande fierté dans ce mouvement, analyse Philippe Gallais. Pour la plupart des gens, c’est leur première grève et ils veulent reprendre le travail la tête haute, pas question de se satisfaire d’une poignée d’euros supplémentaires. »

Avec plus de 80 % du personnel en grève, les établissements privés réquisitionnent près de 150 salariés par jour pour faire fonctionner a minima les services de soins. Mais pour limiter les dégâts sur le chiffre d’affaires, certains ont eu tendance à outrepasser le Code du travail. L’inspection du travail vient ainsi d’épingler la clinique Rech à la suite de recrutements présumés abusifs en CDD pour – dixit l’article L1242-6 – « remplacer un salarié dont le contrat de travail est suspendu à la suite d’un conflit collectif de travail ». Un procès-verbal a été transmis au procureur de la République et, à en croire les grévistes, d’autres établissements pourraient être concernés.

Cancérologue et ancien président de la Ligue nationale contre le cancer, le Dr Henri Pujol a été nommé la semaine dernière par le préfet pour tenter de forcer le dialogue. Sans grand résultat pour l’instant. « Dans certaines cliniques, les grévistes ont même proposé de discuter pour instaurer un service minimum, mais les directions refusent toute discussion et préfèrent prendre le risque de gonfler l’urgence sanitaire », dénonce Barbara Rampillon.

La situation est totalement bloquée : une négociation salariale prévue aujourd’hui à Paris a été annulée à la dernière minute par la fédération patronale. Dans le sillage du conflit montpelliérain, des appels à la grève ont été lancés dans des cliniques des Bouches-du-Rhône, de Gironde, de la Sarthe et du Cantal. Faute d’avancées significatives, ce mouvement inédit et puissant pourrait s’étendre.

Christelle Chabaud

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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 15:17

 Article de Dany Stive paru dans L'Humanité, le 10 juin 2010.

La chienlit des programmes

 

De Gaulle au programme du bac littéraire 2011 ? Le choix a du mal à passer chez certains professeurs de lettres. « Il est publié dans “la Pléiade” », se défend le ministère.

Le général de Gaulle jalousait-il son acolyte britannique Winston Churchill, qui, lui, fut auréolé d’un prix Nobel de littérature  ? Tardive revanche, le stratège militaire et politique accède au titre d’écrivain essentiel de son siècle par la grâce de l’inspection générale de l’éducation nationale, qui a choisi de faire étudier le tome III de ses Mémoires de guerre (le Salut, 1944-1946), pour ses qualités littéraires, par les candidats au baccalauréat L, en 2011. Une décision qui passe mal et qui sera, aujourd’hui, parmi d’autres, discutée lors d’une rencontre entre le SNES et l’inspection générale.

Quand la nouvelle a été rendue publique – dans le Bulletin officiel de l’éducation nationale du 14 janvier dernier –, le monde de l’éducation a alors l’attention aimantée par les suppressions de postes et la réforme du lycée. La promotion du général au panthéon de la littérature passe presque inaperçue. Toutefois, un collectif de professeurs de français met discrètement en ligne, en février, sur le site des Lettres volées, une pétition titrée « La littérature en phase terminale ».

Le culte des grands hommes

Le collectif, tout en reconnaissant l’envergure de l’homme, reste pantois devant un choix qui en fait un auteur de référence  : « Proposer de Gaulle aux élèves est tout bonnement une négation de notre discipline… Nous sommes professeurs de lettres. Avons-nous les moyens, est-ce notre métier, de discuter une source historique, d’en dégager le souffle de propagande mobilisateur de conscience nationale  ? » Pour appuyer cette position, une professeur interroge  : « La plupart des grands écrivains ont fait école, qui peut se targuer d’être le disciple littéraire de De Gaulle  ? La pauvreté des études universitaires littéraires sur son œuvre est parlante. » Philippe Guillou, doyen de l’inspection générale, et auteur de l’ouvrage Stèles à de Gaulle, se défend d’être à l’origine de cette promotion. Il la défend néanmoins : « C’est un grand mémorialiste, publié dans “la Pléiade”. Nous avons opté pour un texte non polémique, en perspective avec un double anniversaire gaullien (son appel et sa mort). » Mais, rétorque Valérie Sultan, du SNES, « la commémoration n’est pas au programme du bac. Nous voyons bien, en revanche, combien ce choix coïncide avec le devoir de mémoire et le culte des grands hommes chers au président de la République ». Conscient d’avoir perdu une bataille, le Snes devrait savoir, après la réunion d’aujourd’hui, s’il a aussi perdu la guerre.

Dany Stive

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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 15:08

 

Le billet de Maurice Ulrich, L'Humanité, le 10 juin 2010

Tendance Zola

 

 

La mode à Paris, c’est aux Galeries La Fayette, dont le patron, bien nommé Paul Delaoutre, ne craint rien tant que d’être ringard, has been, out. Ainsi est-il outré de la décision de la Mairie de Paris qui, malgré l’opposition des élus de droite, vient de refuser le classement des grands magasins du boulevard Haussmann en zone touristique, ce qui leur aurait permis d’ouvrir tous les dimanches.Donc, Paul Delaoutre dénonce d’abord « une décision politique », ce qui n’est pas sans logique toutefois, s’agissant d’élus de la population. À dire vrai, ils servent même à ça. Mais surtout pour le patron des Galeries La Fayette, c’est « une position contraire à la logique, au risque d’apparaître comme des gens du passé ».

La logique, en revanche, qui nous ferait apparaître comme des gens du futur serait la suppression du repos dominical, la fi n de la durée hebdomadaire du travail, puis celle des congés payés, s’il faut être conséquent. C’est qu’en matière sociale, aux Galeries La Fayette, la mode est très Zola.

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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 07:28

Article publié dans l'hebdomadaire La Terre, du 11 au 17 mai 2010

A Ramburelles, le rock côtoie le patrimoine

 

Somme. Le 5 juin prochain, le village de Ramburelles  organise sa traditionnelle fête du patrimoine en même temps qu’un festival Rock.

 

A Ramburelles, petit village de la Somme, situé à quelques kilomètres d’Abbeville et du Tréport en Haute-Normandie, on compte bien tordre le cou aux idées reçues à propos de la prétendue désertification inexorable des campagnes françaises. Tel un célèbre village gaulois, Ramburelles et ses 241 Picards au dernier recensement 2006 (10% de plus qu’en 1999) ne comptent pas se laisser mourir surtout sans réagir. Ainsi, la municipalité conduite par Jack Bacouël, 62 ans et maire depuis 2008 après en avoir été le secrétaire de mairie pendant trente ans, organise le 5 juin prochain, pour la deuxième année consécutive, sa fête du patrimoine. L’an dernier, le village avait ainsi accueilli en une seule journée près de 3000 personnes venues essentiellement  des alentours, mais aussi de la Haute-Normandie toute proche.

 La fête débutera à dix heures du matin.  Le public profitera des nombreuses expositions prévues cette année ( exposition de matériel agricole ancien, de peinture et d’artisanat d’art, de voitures anciennes, d’outillage artisanal…). Il pourra aussi profiter de la visite guidée de l’église et de la mairie, celle-ci recélant d’objets aussi anciens qu’originaux. Et puis comme toute fête du patrimoine qui se respecte, de nombreux jeux −picards évidemment− seront proposés au public : concours de jeu d’assiettes, de tir à la carabine, de javelot picard, jeu de quilles, jeu de la grenouille, le casse-bouteilles et le jeu de ramassage de pommes de terre à… vélo !

En partenariat avec le … diable

Dans ce village qui ne compte plus aucun commerce, à part le café, la municipalité, via ses associations qui participent activement à la fête, vendra sur place de quoi se restaurer et se désaltérer. Cette fête, cette année encore, devrait donc connaître un franc succès car tout a vraiment été prévu. Jusqu’à l’animation en soirée. Et cette année, la municipalité a choisi de frapper fort. Elle a en effet décidé de s’associer avec… le diable ! Précisément avec « le diable est dans la boîte », association, installée à Saint Riquier-en-Rivière (Seine-Maritime) dont l’objectif est d’ « aider au développement des pratiques artistiques et culturelles dans le secteur des musiques actuelles et de démocratiser la musique en milieu rural en allant vers le public jeunes et âgé », explique Laurent Quenu, un des membres très actifs de l’association, professeur de Lettres et d’histoire géographie au lycée professionnel Georges Brassens de Neufchâtel en Bray et bassiste confirmé.

 Les deux parties étaient donc faites pour se rencontrer car de son côté, cette association cherchait cette année une municipalité prête à l’accueillir pour organiser son deuxième festival rock en milieu rural. L’an dernier, ce festival, dénommé « Bambino’s festival » avait accueilli près de 450 personnes sur le terrain de football d’Embreville, petite commune rurale de la Somme également, et dans le Vimeu précisément.

Quatre groupes animeront la soirée et le village : « Diabolo Watts », principal groupe de l’association et dans lequel joue Laurent Quenu, originaire du Pays de Bray, qui joue depuis près de dix ans dans la région ; « Inner melody », un groupe de jeunes de Mers les Bains (Somme) ; « Bambino et son collègue », un groupe de Compiègne et les Parisiens « Mighty Pearl », dont le batteur n’est autre que le frère du batteur des « Diabolo Watts ». Bref une histoire de famille.

Un festival à contre-courant

Les groupes locaux et jeunes seront donc à l’honneur à l’occasion de ce festival. Et pour les organisateurs, il n’y a aucune incompatibilité entre une journée traditionnelle, comme la fête du patrimoine, et un événement moins classique, surtout en milieu rural, comme un festival Rock. Au contraire, pourrait-on parler de complémentarité car, précise Laurent Quenu, « par rapport à d’autres festivals qui proposent de grandes scènes, avec un matériel ultra sophistiqué à des groupes déjà connus mais sans attache avec le lieu où ils se produisent, nous on propose un festival familial, gratuit, accessible à tous, y compris à ceux qui à la base ne seraient venus que pour la fête du patrimoine. L’objectif de la commune est de se faire connaître et pour nous association de faire perdurer ce festival ». D’ailleurs l’organisation est à un tel point conjointe que les dépenses comme les recettes seront partagées entre la municipalité et l’association. « Notre but, conclut Laurent Quenu, n’est pas de réaliser des bénéfices, mais de retomber sur nos pieds et faire vivre l’association ».

 Une association financièrement désintéressée, un village qui résiste et qui en plus gagne des habitants… pas sûr que le JT de Jean-Pierre Pernaut en parle.

Frédéric SEAUX

 

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24 avril 2010 6 24 /04 /avril /2010 10:52

Papier paru dans L'Humanité du samedi 24 avril 

 

Succès de la grève chez Allibert

 

Le mouvement a été suivi à 80%. des hausses de salaires ont été obtenues

 

 

Chez Linpac Allibert, installé à Gaillon (Eure), et qui appartient à un groupe anglais qui vient d’être racheté par un consortium de banques qui a à sa tête la Deutsch Bank, la direction a une drôle de conception de l’égalité entre les salariés. Arguant que les résultats étaient tendus, sans même vouloir les communiquer aux syndicats qui attendent toujours les chiffres de 2008, et que le client se fait rare, le spécialiste de la fabrication plastique refusait aux salariés du site une augmentation des salaires de 3% qu’ils réclamaient au titre qu’ils n’avaient connu aucune augmentation l’an dernier.

 Tout au plus, la direction proposait-elle, à l’occasion des nombreuses négociations avec les syndicats du site, de prendre davantage en charge la mutuelle de l’entreprise et une augmentation des salaires de 1%, ce qui pour l’intersyndicale (CGT-CFDT. La CGC ne s’est pas associée au mouvement-NDLR) représentait « 15 euros d’augmentation pour les salariés qui touchent moins de 1500 euros mensuels et 10 euros qui touchent au-delà », pestait alors  Bruno Duchère de la CFDT, mercredi après-midi. Pourtant, dans le même temps, poursuivait le syndicaliste, « neuf des soixante douze cadres de l’entreprise vont recevoir, en sus de leur prime de résultat d’objectif qui est prévu dans leur contrat, une prime supplémentaire de 163,88 euros en moyenne ». Pour le syndicaliste, cette différence de traitement était tout simplement  « indécente ».

80% des 234 salariés étaient donc en grève depuis mardi matin et espéraient être reçus une dernière fois par la direction pour qu’elle infléchisse sa position. De son côté, le conseiller régional communiste haut-normand Jean-Luc Lecomte avait immédiatement apporté son soutien aux grévistes. Jeudi après-midi, lors d’une ultime négociation, la direction a finalement accepté de revoir sa copie à la hausse en octroyant finalement 35 euros pour les salaires supérieurs à 1500 euros et 40 euros pour ceux ne franchissant pas ce salaire. En sus, la direction a octroyé une journée supplémentaire de congé payé aux plus de 55  ans travaillant à la journée, accordée jusqu’alors seulement aux salariés postés (en 2X8 et 3X8). Enfin la direction renforcera la réflexion sur les conditions de travail au sein de l’entreprise et paiera 50% des jours de grève.

Pour l’intersyndicale, par la voix du cégétiste Florent Dégenetais, il s’agit d’un accord « globalement satisfaisant », au vu de la situation financière de l’entreprise. Le syndicaliste se félicite de la bonne mobilisation qui a selon lui lourdement pesé sur le revirement de la direction.

Frédéric Seaux

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19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 20:59

SNCF : Un service de substitution qui ne fait pas l’unanimité

 

En gare de Rouen les usagers pestent contre le nombre de cars de substitution mis à leur disposition.

 

« Quand on appelle le 36-35 (portail téléphonique de la SNCF-NDLR) on nous répond qu’on aura bien notre train. Mais une fois en gare, on apprend que ce train est remplacé par un seul et unique car », s’emporte Nelly, retraitée, quand on lui demande son sentiment sur la politique de la direction régionale en Haute et Basse Normandie de proposer des cars assurant les liaisons en lieu et place des trains annulés. Propos similaires chez Evelyne, 60 ans, qui voit dans ces cars guère mieux qu’un pis aller. Muriel, une autre usager de 24 ans, attend  son car depuis midi pour aller à Lisieux. Il est 17 heures et son car est enfin annoncé. Elle garde le sourire, malgré tout, mais elle admet son mécontentement de « devoir quand même acheter un billet de train, de le composter pour finalement monter dans un car sans qu’aucun contrôleur ne soit présent ».

Volonté délibérée de la direction régionale de « pourrir » le mouvement en n’assurant pas correctement la mission de service public de la SNCF ? «  Non je ne pense pas », affirme Grégory Laloyer, responsable CGT SNCF sur Rouen. « Mais il est sûr, poursuit le délégué syndical, qu’en refusant de répondre à nos revendications dont certaines sont locales, en termes d’emplois, d’organisation du travail et de polyvalence des contrôleurs, que la direction régionale mène une situation de blocage qui pénalise les usagers ».

La fin de la grève n’est donc pas pour tout de suite prévient le cégétiste qui rappelle que sur l’ensemble de la Haute et Basse-Normandie, 11,3% des cheminots ont cessé le travail, dont 55% des contrôleurs et 57% des agents de conduite. « Des taux qui sont restés stables depuis le début du mouvement, signe que les grévistes sont bien décidés à ne rien lâcher », insiste-t-il. Sébastien Jumel, le maire et conseiller général communiste de Dieppe à interpellé Dominique Bussereau, ministre des transports en lui demandant « d'intervenir auprès de la Direction SNCF pour que celle-ci engage sans délais et sans conditions de réelles négociations sur l'ensemble des points faisant l'objet du conflit ».

 

Frédéric SEAUX

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 10:30

 

Le boulevard de détournement

Nicolas Sarkozy préfère que le peuple se moque plutôt qu’il prenne son destin en main.

Par Jean-Paul Piérot, éditorialiste à L'Humanité,

le vendredi 9 avril 2010

 

Il y a quelque chose de pourri au royaume de la Sarkozye. « Rumeur  », « complot  », une inquiétude s’étale à la une des journaux, de Libération au Figaro. On ne parle plus dans les dîners en ville que de conjurations qui se nouent, d’enquêtes diligentées par l’Élysée puis démenties par l’épouse du chef de l’État, contredite par le chef de la police secrète. Qui nous menace ? Où est l’ennemi intérieur qui voudrait déstabiliser le couple présidentiel ? Où l’emballement politico-médiatique nous a-t-il subitement transportés ? Quelque part entre la principauté de Monaco et le Kirghizistan ? Ce qui est certain dans tout ce remue-ménage de pacotille, c’est que la communication élyséenne a obtenu le résultat que sans doute elle souhaitait : détourner l’attention des médias des menaces qui pèsent sur les retraites, de la riposte sociale qui s’organise, sur l’explosion du scandale du bouclier fiscal, sur les méthodes de voyou d’un certain patronat dont nous relatons les forfaits

Mais le registre choisi, le mélange de la vie privée et de la vie publique, ce mauvais pastiche de Feydau que l’on sert à l’opinion, est un révélateur de l’état où ce quinquennat a rabaissé les institutions républicaines. Les ministres en fonction ou en disgrâce ont revêtu la livrée du courtisan et les palais de la République bruissent des fausses confidences que l’on croit remontées des dédales de Versailles. À la vérité, ce jeu de rôle prête à sourire, voire provoque une franche rigolade, alors que l’injustice sociale dont le bouclier fiscal est l’expression la plus ostentatoire exacerbe la colère et aiguise l’envie d’y mettre fin. Là est toute la différence : à tout choisir, le président préfère que le peuple se moque plutôt qu’il prenne son destin en main. La bouffonnerie n’a jamais été une grande menace contre les puissants, alors que l’élaboration collective des cahiers de doléances a abouti à la Révolution.

Le monde du travail ne doit pas se laisser distraire par ce théâtre de boulevard, au moment où Nicolas Sarkozy et François Fillon ont entrepris d’engager la bataille décisive des retraites. L’enjeu est capital pour le président dont la mission fixée par la caste des affairistes consiste à mettre la France aux normes du néolibéralisme, de briser les digues du modèle social forgé par plus d’un siècle de luttes ouvrières et consacré par le Conseil national de la Résistance. Le président de la République peut alors se rendre en Haute-Savoie pour l’hommage aux martyrs du massif des Glières, la contradiction est telle entre sa politique et l’idéal qui portait les jeunes gens assassinés qu’il ne pourra empêcher d’anciens combattants de la lutte contre le nazisme de lui reprocher de se servir de la Résistance plutôt que de la servir.

La gauche commettrait une grave faute en imaginant qu’il suffirait d’attendre que le président, plombé par un bilan catastrophique et par une impopularité grandissante, tombât de lui-même, lâché par les siens. La haute bourgeoisie financière ne met jamais tous ses œufs dans le même panier. On teste des relèves possibles, « acceptables  » après les tristes années Sarkozy. Villepin, Fillon, Copé… Le Nouveau Centre et les centristes s’interrogent, des députés et sénateurs regimbent, à peine ont-ils quitté l’Élysée pour une séance de recadrage. Le temps est venu de mettre en débat ce que doit être l’alternative politique. Le dossier des retraites en est une pièce maîtresse.


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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 14:31

 

Nicolas Rouly, l'avocat de madame karapétian qui passait ce samedi matin devant le juge des libertés vient de m'informer de sa libération du Centre de Rétention d'Oissel pour vice de procédure dans le contrôle d'identité qui avait précédé son arrestation et celle de sa fille mineure.

C'est un soulagement pour cette femme qui va pouvoir pour le moment rester en France et poursuivre avec son avocat sa demande de droit d'asile pour elle et sa famille et tenter de faire annuler l'OQTF délivrée par le préfet de Seine-maritime auprès de la cour d'appel de Douai.

 

Heureusement qu'il y a sur notre  territoires des avocats de la trempe de Nicolas Rouly et des associations comme RESF qui ne lâchent jamais rien.

Le combat continue.

Comme l'écrivait Brecht : " ceux qui se battent peuvent perdre mais ceux qui ne se battent pas ont déjà perdu".

 

Frédéric SEAUX

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 14:01

 

 

La famille Karapétian arrêtée

à son domicile de France Terre d'Asile

 

La période hivernale achevée, la police n'a pas trainé pour faire appliquer l'OQTF (obligation de quitter le territoire français) délivrée par le préfet de Seine-Maritime à l'encontre de la famille arménienne Karapétian, arrivée en France en 2007 et déboutée du droit d'asile.

En octobre dernier, le cas de cette famille avait été évoqué dans les médias car elle n'avait jamais reçu son OQTF. Elle n'en avait été informée que lors de sa venue en préfecture pour déposer sa demande de titre de séjour. La pression médiatique avait permis de maintenir cette famille dans son logement appartenant à France Terre d'Asile au-delà de la date butoir du 1er novembre, début du moratoire hivernal sur les explusions locatives.

Mais  jeudi en milieu de matinée, la police est venue arrêter cette famille. Seule la mère et la plus jeune des trois filles âgée de 17 ans et scolairsée au lycée professionnel Colbert de Petit Quevilly se trouvaient dans leur logement. Elles ont été conduites immédiatement au Centre de Rétention administrative d'Oissel. La mère est présentée ce matin samedi au  juge des Libertés qui devra se prononcer sur son maintien en rétention. Sa fille mineure n'est elle pas concernée par cette procédure et ne peut être d'ailleurs contre son gré renvoyée dans son pays d'origine.

David Lamiray, le maire socialiste de Maromme qui avait parrainé cette famille est immédiatement intervenu auprès du préfet qui a une nouvelle fois refusé d'annuler l'OQTF. Les Karapétian étaient en train de constituer, avec leur avocat Nicolas Rouly, le dossier d' appel auprès de la cours d'appel de Douai. Ce pourvoi en appel n'étant pas suspensif de la décision du T.A, cette famille, du moins la mère seulement pour l'instant, pourrait donc être renvoyée en Arménie, dès qu'une place d'avion se libèrera,  avant même que leur droit à rester en France puisse être totalement étudié. De son côté le Réseau Education Sans Frontières (RESF) qui devait être reçu hier vendredi en Préfecture pour négocier des dossiers de jeunes sans-papiers parle de "provocation à leur égard en pleine période de vacances au moment où la mobilisation est plus difficile à mettre en place" et menace "de ne plus venir en préfecture pour négocier et jouer les interlocuteurs" avec les représentants du pouvoir en place.

 

Frédéric SEAUX

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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 08:27

 Article paru dans L'Humanité, le 25 mars 2010

 

Comment votent les proches des syndicats  ?

 

Par Olivier Mayer, journaliste à L'Humanité

 

 

« Dis-moi quel est ton syndicat, je te dirais pour qui tu votes »  ? L’enquête réalisée dimanche, par le CSA pour Liaisons sociales, risque de démentir quelques préjugés. C’est ainsi que le plus grand pourcentage de votes socialistes se trouve chez les proches de la CGT (42 %). C’est Solidaires qui tient la corde pour le Front de gauche (18 %), la CFTC pour l’UMP (47 %) et FO pour le Front national (17 %). Il s’agit d’une étude sur le vote de ceux qui se sentent proches de tel ou tel syndicat. Selon Jean-Daniel Levy, le directeur de CSA, cela représente près de 60 % des Français, un chiffre en augmentation constante depuis le début des années 1990. L’analyse ne porte pas sur la FSU et l’Unsa, trop peu citées, selon CSA, pour que les résultats soient fiables. Même moindre que dans l’ensemble (48 % contre 55 %), le pourcentage des abstentionnistes reste très élevé chez les sympathisants des syndicats dont on peut penser qu’ils sont moins « marginalisés ». Ce qui montre la profondeur de la crise politique. Les syndicalistes votent plus à gauche que les Français en général (58 % contre 50 %), et le clivage est assez net entre les syndicats dont les proches se situent nettement à gauche (CGT 74 %, CFDT 61 % et Solidaires 79 %) et ceux des amis de FO, de la CFTC et de la CGC dont le vote est assez marqué à droite si on ajoute les voix UMP et FN (respectivement 42 %, 50 % et 54 %). À FO, dont la ligne syndicale est souvent difficile à lire, se retrouve la plus grande hétérogénéité politique, avec des votes à 9 % pour l’extrême gauche, 8 % pour Europe Écologie, 26 % pour le PS, 25 % pour l’UMP et 17 % pour le Front national.

Deux autres éléments retiennent l’attention. Les listes d’extrême gauche recueillent les suffrages de 3 % des sympathisants des syndicats, le même niveau que pour l’ensemble des Français. Aux élections régionales de 2004, ces listes recueillaient 5 % des amis des syndicats et elles totalisaient 10 % des syndicalistes et des sympathisants lors de la dernière présidentielle. Les cégétistes et leurs proches ont ainsi voté en 2010 à 2 % pour l’extrême gauche quand ils avaient apporté 9 % de leurs voix en 2004 et 14 % à ses candidats à la présidentielle de 2007. Le deuxième élément est l’implantation du vote Europe Écologie qui totalise 13 % des suffrages des proches des syndicats, soit 1 point de mieux que pour l’ensemble des Français. Non seulement cela confirme que l’écologie n’est plus perçue en opposition au social, mais Jean-Daniel Levy l’analyse comme « l’expression d’une mise en sécurité ». Les écologistes occupent le terrain de ceux qui anticipent l’avenir.

L’étude montre aussi que 16 % de cégétistes ont voté pour le Front de gauche. Une remontée qui paraît fragile et témoigne d’une certaine persistance du décrochage entre la sympathie pour la CGT et le vote communiste. Les proches de la CGT votaient à 18 % pour le candidat communiste à la présidentielle de 2002, à 14 % pour les listes communistes aux régionales de 2004 et à 7 % pour Marie-George Buffet en 2007.

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